Si ça marche, je suis prête à faire carrière. Je serais même prête à mettre la fac entre parenthèses.
Camille Raymond.
En 1995, Camille Raymond rentre en fac. Obtenant logiquement plus de temps pour ses activités « AB », elle se lance à son tour dans la chanson. C’est en effet la grande tradition, qui veut que, depuis la première maquette de Christophe Rippert, chaque comédien AB aille pousser la chansonnette.
Camille Raymond parait alors toute excitée à l’idée de devenir chanteuse : « Chanter a toujours été pour moi un rêve inaccessible. Mon envie n’a pas échappé à mon producteur qui, régulièrement, me demandait quand j’allais enfin me décider. Et puis un jour, je me suis sentie prête pour tenter l’aventure. » [1]
« C’est un très joli slow qui me rappelle l’ambiance des ballades à la manière de Francis Cabrel »
Jean-Luc Azoulay a en effet fortement incité sa protégée à chanter, dans l’optique d’en faire pourquoi pas une nouvelle machine à fric. Le premier écueil est que Camille n’a pas de voix. Elle essaye néanmoins de sauver la face en vantant sa formation en piano classique et en martelant son amour de la musique : « J’en écoute tout le temps (…), j’aime beaucoup connaître les nouveautés et choisir un style, selon mon humeur. Je suis très éclectique. J’écoute autant de musique classique du de variété ou de rock. Je raffole de Chopin, que j’écoute pour me délasser, mais j’aime aussi Dire Straits pour me donner du punch (sic) et les tubes des années 70 pour danser(…), je n’ai pas résisté à Georges Brassens, à son sens de la liberté et son détachement des choses matérielles (…), en fait, je n’ai pas vraiment d’idole, en revanche j’aime beaucoup le style de France Gall, l’ambiance de ses concerts, ses chansons, ce qu’elles disent et sa manière de les dire (…), d’une manière générale, je suis très sensible aux femmes que Gainsbourg a fait chanter. Elles ont toutes quelque chose de pur, de sensuel, d’hyper féminin. »
Mais chanter seule sous sa douche du Cabrel n’a rien à voir avec la vraie chanson, dans un studio, même celui d’AB. Il est vrai que pour AB Prod’, ce n’est pas forcément un problème, les « magiciens » de son équipe en ayant vu d’autres. Non, le souci se révèle être du côté de la chanson en elle-même. En effet, il est décidé de sortir un single, afin de tâter le terrain pour un éventuel album. Et le choix du morceau n’est franchement pas une grande réussite. Camille explique tente de défendre tant bien que mal ce choix : « C’est l’histoire d’un garçon et d’une fille qui se rencontrent pendant l’été et qui sont obligés de se séparer à la fin des vacances. C’est la fin de leur belle histoire et elle lui demande s’il va l’oublier. »
Premier problème : la thématique du single est exactement la même que celui de Christophe Rippert, « Un Amour de vacances », grand succès commercial sorti quelques années auparavant. Et cette fois, la mayonnaise ne prend pas. C’est d’autant plus mérité que Camille est de l’avis de tous une chanteuse nullissime, une sorte de sous Carla Bruni, se contentant de chuchoter des paroles sur un air mièvre. Pourtant, manque de lucidité ou simple méthode Coué, Camille semble y croire à l’époque : « Je trouve la musique très tendre, très douce. C’est un très joli slow qui me rappelle l’ambiance des ballades à la manière de Francis Cabrel. Une musique que je ne me lasse pas d’entendre. »
Un clip discount est réalisé dans la foulée, histoire d’offrir un support pour la petite promo du single. Réalisé par un Pat le Guen qui aurait mieux fait de poser un arrêt maladie ce jour-là, il est à la hauteur de la chanson : insipide et fade. A noter les superbes lunettes de soleil en plastiques de Camille, probablement un sponsoring.
Au final, on est finalement soulagé pour Camille par le flop absolu de son titre. Car en cas de succès, cette dernière aurait pu basculer dans le côté obscur d’AB, comme elle le laissait entendre à l’époque : « Si ça marche, je suis prête à faire carrière. Je serais même prête à mettre la fac entre parenthèses. » Heureusement pour elle, pas besoin d’aller jusque-là. Néanmoins, une autre chanson est enregistrée dans la foulée, sobrement intitulée « Un baiser ». Encore un flop, forcément. Personne même à l’époque n’a du écouter cette daube. Quand on est pas fait pour la chanson, c’est comme ça. Même si on a peut-être voulu croire chez AB que Camille Raymond allait devenir la nouvelle Vanessa Paradis, ou quelque chose du genre (son « chant » ressemble ici à celui de Charlotte Gainsbourg à ses débuts).
Logiquement, l’album ne sortira jamais, et le peu de monde qui aura vu sa prestation au Club Dorothée l’oubliera très rapidement. Ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard, avec internet, que l’on redécouvrira le massacre. Une vraie casserole pour Camille. Quant à la fac, on sait que ce fut finalement une bonne idée de ne pas avoir stoppé son cursus vu la grande réussite professionnelle qu’elle connaît depuis la fin de ses années sitcom.
- Chant : 0/5
Voix catastrophique. Camille ne chante pas, elle susurre. Mais surtout quand on la voit, elle minaude. Une horreur.
Musique : 1/5
Un simple slow recyclé en interne chez AB. Camille trouvait la mélodie sympa, on peut au moins lui accorder le bénéfice du doute.
Paroles : 1/5
Des paroles ressassées sur le thème de l’amour d’été (coucou Rippert). Même le public de l’époque a été lassé. C’est dire. Zéro imagination.
Prestation & Esprit AB : 1/5
Au vu du clip et du play-back au Club Dorothée, Camille Raymond n’était clairement pas à l’aise et surtout pas faite pour ça.
Total : 3/20
Un raté. Une casserole. Camille a bien fait de continuer à potasser son DEUG. Comme quoi, faire de la merde chez AB ne suffisait pas, il fallait au moins y mettre du sien.
1- L’amour d’été de Justine. Télé Club Plus, n°33 – Mai 1995 (Toutes les citations sont issues de cet article)
Discussion3 commentaires
признать Белухина Д. Н. виновным в том что он приболел? нет, он взял себя в руки, и придумал нвоое лекарство, болезень не приговор!
Зеленый чай, мед, лимон, все эти компаненты позволят излечить многие недомогания не каких таблеток и докторов !
Врачи не всегда могут бороться с приговором!
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C’est une belle chanson. Je l’aime bien.
C’est juste qu’elle est arrivée trop tard, en 1995. C’était vraiment la dernière période faste pour le Club Do. Il avait atteint l’apogée et ne pouvait donc, selon la loi des cycles, que se dégrader à plus ou moins long terme, à moins de savoir se renouveler intelligemment.
Comme beaucoup de choses avaient déjà été faites et refaites, le sentiment de recyclage commençait à devenir problématique pour le public de longue date. Le phénomène Hélène était sur le déclin. Les gamins, eux, regardaient surtout DBZ et ne s’occupaient plus des chanteurs AB romantiques.
Si Camille avait fait ce titre aux débuts de Premiers Baisers ça aurait été un énorme carton. Mais en 95 ce n’était plus le moment de vouloir commencer la chanson avec AB, le contexte ne s’y prêtait pas du tout. On a vu ce qu’est devenu l’Empire et le Club Do un an après et jusqu’à la déchéance complète de 97.
On a beaucoup pleuré la disparition du Club Do comme une injustice mais au vu de ce que c’était devenu il était de toute façon temps de changer complètement en mieux ou de quitter l’antenne… La formule magique, efficace près de dix ans non stop, ne fonctionnait plus au quotidien.
1995 c’était l’ultime année de gloire mais une gloire qui reposait sur des acquis, la « nouveauté » selon AB (c’est à dire surtout du recyclage) ne fonctionnant déjà plus. Les Jumelles plaisaient encore au plus jeune public parce qu’elles étaient rigolotes et pleines d’énergie mais Camille était un peu délaissée, son rôle de Justine étant devenu assez fade. D’où le flop du single, certainement.
Mais objectivement, et même si tous les goûts sont dans la nature, sa chanson était bien. Elle a un charme intéressant.
Je suis sûr qu’il y a plein de gens qui découvrent ou redécouvrent depuis sa publication vidéo sur GénerationClubDo et qui adorent, même si ils ne le disent pas forcément.