Le cœur d’une mère est un abîme au fond duquel se trouve toujours un pardon.
Honoré de Balzac.
Quand en 1994, Manuela sort son premier single, « Parce que c’était écrit comme ça », c’est à une mini-révolution que l’on assiste. Jusque-là, c’est Hélène qui a le monopole de la chanson au sein de la sitcom, tandis que Sébastien Roch, exclu depuis peu, était son pendant masculin. Manuela est la figure de proue de la deuxième vague des idoles AB, comme son « ami » Anthony Dupray.
En installant confortablement son personnage dans la sitcom, Manuela gagne le droit de réaliser son rêve de jeune fille : chanter. Sous la houlette de Jean-Luc Azoulay, elle enregistre un single, tourne en première partie d’Hélène, puis sort un album en 1995, dont le choix du titre frappe instantanément par son originalité : Romantique.
« Je me sens à la fois chanteuse et comédienne, les deux sont complémentaires », clame haut et fort Manuela à la presse, peu avant la sortie de l’album [1]. Cette affirmation est d’autant plus vraie que les producteurs des sitcoms AB ont parfaitement compris que le public était friand de ce genre d’association. Pour préparer le terrain, Manuela, à travers son personnage d’Adeline, est mise en scène en tant que chanteuse dans Hélène et les Garçons. Elle y chante son titre sorti en single fraîchement sorti, acclamé par ses amis qui la trouve forcément fantastique.
C’est le magazine Télé Club Plus qui ouvre la grande promotion qui accompagne les débuts de Manuela Lopez : « Manuela a toujours trouvé refuge dans l’écriture, un journal intime, puis poème et chansons. » [2] La mécanique est parfaitement huilée. Que Manuela se lance dans la chanson relève de l’évidence, un besoin naturel même : « Tout ce que je garde, ce que je veux pas dire aux autres, je l’écris sous la dictée de mes émotions. C’est une façon comme une autre de s’exprimer. »
« Sur l’album, j’espère bien que figureront certains de mes textes »
« Avec des mélodies suaves et des paroles sentimentales, elle reste fidèle à son image de comédienne », explique Télé Star [3], toujours de mèche avec AB Productions à cette époque. L’album de Manuela qui sort respecte alors à la lettre les grands principes : des chansons ayant pour seul thème l’amour, une production musicale recyclant les sons des autres chanteurs maisons et une image collant avec le personnage de la série. C’est pourquoi, Manuela n’a semble-t-il pas eu beaucoup d’influence sur la réalisation de l’album. « Je me suis contentée d’être présente du début à la fin de la fabrication du disque, de l’écriture au mixage. Un disque, c’est aussi un travail d’équipe », raconte la jeune artiste lors de sa promo. Et cette équipe, on ne la connaît que (trop) bien. Jean-François Porry à l’écriture, Gérard Salesses pour le son, un certain Jean-Paul Césari (crédité pour une chanson), ainsi que l’ensemble des musiciens et choristes habituels des productions AB.
Quand sort Romantique, Manuela manifeste son bonheur d’être ce qu’elle est devenue grâce à AB : « La célébrité, le succès, c’est vraiment formidable. Aujourd’hui, j’ai tout ce que j’ai toujours désiré. J’ai l’impression de vivre un rêve. Et je ne tiens pas à me réveiller de sitôt. » Dans l’euphorie, Manuela croit pouvoir chanter ses propres textes : « Sur l’album, j’espère bien que figureront certains de mes textes. Mais je dois encore les affiner, choisir ceux que je préfère et aussi ceux qu’on peut mettre en musique. »
Malheureusement, la liberté artistique est un concept inconnu pour un comédien-chanteur AB. En outre, Manuela confie vouloir composer elle-même les mélodies, mais reconnaît « ne pas avoir le temps » pour se lancer dans un tel projet. « Je m’exerce au saxophone le plus régulièrement possible, mais pour l’instant, je ne me sens pas encore prête à accompagner une de mes chansons au saxo », ajoute Manuela, résignée [4]. C’est que le producteur Jean-Luc Azoulay a les idées claires sur ce qu’il souhaite faire de muse du moment. Afin de minimiser au maximum les risques d’échec commercial, son concept est de faire de Manuela une nouvelle Hélène. Cette dernière est manifestement fatiguée en 1995. Ses chansons tournent en rond et surtout, les ventes s’essoufflent, à l’image de l’album Toi… Émois. Avec Manuela, AB apporte ainsi un nouveau souffle, quitte à user et abuser du recyclage musical.
« L’avis de Nicolas Bikialo était important pour moi »
Quoi qu’il en soit, en bonne élève appliquée, Manuela ne pipe mot d’une hypothétique déception de n’avoir pu chanter ses textes. De même, elle assure apprécier le son du disque : « C’est vraiment le genre de musique qui m’émeut et elle correspond parfaitement à ma voix. » Son producteur va jusqu’à prendre Nicolas Bikialo à témoin. Il est alors censé adouber celle qui joue sa petite amie dans la série. « Nicolas est un vrai musicien et je voulais lui demander ce qu’il pensait de ma musique », explique sans rire Manuela. Comme toujours, l’idée de JLA est de semer la confusion dans l’esprit du public, en entremêlant la vie de ses comédiens et leurs avatars sitcomesques. Parce qu’en réalité, on imagine très mal Nicolas Bikialo, de son propre gré, venir aider et encourager Manuela Lopez dans la réalisation d’un telle soupe commerciale. Lui, le fan affiché de Rage Against The Machine et de métal en général. Mais solennellement, Manuela a tenu à mentionner l’apport de son collègue : « Son avis était important pour moi. Il m’a dit ce qui allait, ce qui était moins bien et m’a aidée. »
L’album comporte au final dix chansons, dix odes à l’amour. Manuela prévient d’ailleurs à ses auditeurs qu’ils devront « sortir les mouchoirs. » Tout un programme. En plus du premier single qui a propulsé Manuela au rang de star de la chanson made in AB, trois autres titres ont l’immense honneur de sortir en single, avec plus ou moins de succès. Il est à noter qu’un autre single, « Et ce téléphone qui ne sonne pas », ne sera étonnement pas repris dans l’album final. Fort de son succès commercial, Manuela aura la possibilité de défendre son album en tournée, malgré un stress immense ressenti avant sa première scène : « J’étais littéralement morte de trac (…), J’étais tellement angoissée que je me retrouvais toutes les nuits à l’envers dans mon lit. Impossible de parler, de manger, tellement j’étais nerveuse. La seule chose qui pouvait m’apaiser, c’était de répéter. » [5]
La chanteuse fait Bercy, puis tourne avec les stars du moment, Christophe, Anthony et les Jumelles. Une longue et intense aventure, avec notamment des concerts jusqu’en Norvège. Mais aussi un concert dans son pays natal, sorte de revanche pour celle qui s’est exilée quelques années auparavant : « J’étais contente de rentrer, mais j’avais les larmes aux yeux à l’idée de quitter la scène. J’en garderais un souvenir inoubliable. D’autant que j’ai pu chanter en Belgique. C’était génial ce petit retour au pays. »
Faire l’amour une dernière fois
Ce premier titre propulse immédiatement l’auditeur dans l’ambiance de l’album : Manuela va chanter l’amour, celui qui rend triste. Mais un premier élément frappe l’imagination des plus pervers : Manuela a manifestement envie de tirer un dernier coup avant une hypothétique rupture. Cette petite ballade aux allures innocentes cache ainsi une réalité subversive, du moins dans le contexte AB. Car Manuela miaule son souhait d’obtenir de son homme un dernier « grand soir. »
Elle veut y « ressentir toutes ces émotions, d’une folle passion », et « [te]donner dans un soupir, de tendres souvenirs. » Manifestement, l’homme en question est considéré comme une bonne affaire, puisqu’elle lui tient à lui rendre « tout ce plaisir que tu m’as appris. » L’ouverture de l’opus, à première vue vaguement ingénue, évoque ainsi une folle partie de jambes en l’air à venir, le plaisir de la chair et même l’éjaculation masculine.
Ma prière
Comme le titre de la chanson l’indique, Manuela chante, hurle même, afin de solliciter une force supérieure. Il faut en effet lui rendre son « bel amour ». Le son, qui a atrocement vieilli, se veut ici ouvertement lyrique. Cette fois, pas d’histoire de baise, elle veut simplement « le prendre dans ses bras. » Manuela chante faux, dans la même tonalité que sa collègue Hélène Rollès, mais le piano et l’orchestration dramatique de Gérard Salesses parviennent avec force à nous faire ressentir la douleur de la chanteuse. La chute de la chanson est terrible, puisque lucide, Manuela achève sa prière par une phrase emplie de fatalité : « Même si je sais, que c’est terminé. »
De ma vie
Pour ce troisième titre, Gérard Salesses ressort la vieille boite à rythmes utilisée pour les albums de Dorothée. Dans ce vulgaire plagiat des « Neiges de l’Himalaya », Manuela expose cette fois que l’amour, c’est ter-mi-né : « Je ne veux plus jamais aimer, plus jamais pleurer ». Résignée, la chanteuse nous raconte que son mec lui a dit que l’amour « ne durerait jamais toujours » et qu’elle n’était qu’un « bébé ne connaissant pas la réalité. » Manuela prend acte et souhaite désormais « chasser l’amour, qui ne vous sert qu’à avoir le cœur lourd. » Face à ce salaud de mec, elle décide de fermer son cœur « à double tour. » Car oui, la vie est cruelle : « On est tout seul, du berceau au linceul. »
Il n’y a que le soleil
Dans cette chanson, qui aurait pu être écrite par une collégienne, Manuela chiale encore sur sa misère sentimentale : « A quoi ça sert l’amour, à souffrir chaque jour, à pleurer chaque nuit, de chagrin et d’ennui, pendant toute une vieee. » Heureusement, quelques chœurs bien sentis des légendaires Martine et Francine viennent égayer cette énième complainte, ainsi qu’un premier solo de guitare.
Cette chanson aurait pu totalement tomber dans l’oubli si un événement récent ne lui avait pas donné une nouvelle vie. En effet, en 2014, Elsa Esnoult, la nouvelle muse de Jean-Luc Azoulay, sort un album. Son premier single, « Fidélité », recycle alors grossièrement la ligne de piano du titre de Manuela. Gérard Salesses, roi proclamé de l’auto-plagiat de ses propres morceaux, montre que l’héritage de Manuela Lopez n’est peut-être si mort.
La bataille de l’amour
Chanson sans conteste la plus cheap et datée de l’album, « La bataille de l’amour » possède peut-être les pires paroles de toute la discographie d’AB. Impossible de connaître réellement ce que prenaient les paroliers avant de composer, mais il semble évident que c’était de la pure. « L’amour est une conquête qui se fait chaque jour, et malheur si la défaite, vous attriste pour toujours », commence par égrener Manuela. L’amour est maladroitement comparé à la thématique de la guerre, Manuela n’est pas là pour plaisanter, même s’il faut avouer qu’il est difficile de voir où elle veut concrètement en venir : « Quelle qu’en soit la raison, toute trahison est comme un poison, et tout votre horizon n’est qu’une prison de morte-saison. » Les plus tolérants nous ferons admettre qu’au moins, ça rime : « On vit la certitude et solitude devient habitude, on est tristes, on a le cœur lourd, quand on perd la bataille de l’amour. »
Si on s’arrêtait uniquement aux lyrics, le drame pourrait être évité. Mais « La bataille de l’amour » est aussi une Bérézina de la musique. Comment a-t-on pu avoir la folle idée de faire de Manuela Lopez une sorte de nouvelle Stéphanie de Monaco ? Même en 1995, personne n’aurait dû laisser JLA et son complice commettre un tel crime contre cet art qu’est la musique. Même rythmique 80’s, même conviction dans le chant, malgré un son plus « pop-rock » que la Monégasque (ce solo final de guitare). Déjà deux ans auparavant, Gérard Salesses avait frappé fort avec le titre « Comme l’oiseau », chanté par Christophe Rippert. Dans « La bataille de l’amour », on peut y entendre la même tonalité, les mêmes accords sur les premières mesures. Un vrai acte de récidive, qui offre à Manuela l’honneur de posséder à son tour sa propre casserole. Une vraie.
Tu es en moi
Encore une chanson qui sent a priori le foutre. Mais qui a l’outrecuidance d’être « en » Manuela ? Qu’on se rassure, la suite des paroles est affligeante de mièvrerie. Des paroles qui, encore une fois, ne brillent pas par leur originalité (les sempiternelles histoires de soleil et de jour qui se couche). On touche quand même le fond lors d’une rime où Manuela s’excite frénétiquement : « Tu es mon feu ma flamme, mes joies et mes alarmes. » « Mes alarmes », sérieusement Jean-Luc ? Le réveil du matin devait être pénible à cette époque, certes. En outre, la chanson se caractérise par une performance de haut niveau, même dans une prod AB : « Tu es en moi » et le single « Parce que c’était écrit comme ça » possèdent la même intro. Harmoniquement, elles se révèlent être un pur copié-collé, Salesses s’étant uniquement contenté de changer la tonalité. Du « tralalère » dans toute sa splendeur, de l’auto-plagiat au sein du même album. Bravo.
Vivre sans toi
Probablement tiré d’une chute de studio d’Hélène Rollès, « Vivre sans toi » tient clairement du simple remplissage. Manuela proclame que la vie sans son être aimé, c’est « un peu mourir. » L’arrangement de Gérard Salesses fait penser à celui exécuté pour Hélène et son « Miracle de l’Amour ». Le genre de chanson qui appuie fortement l’hypothèse que Romantique a été bâclé et composé dans l’urgence. Une habitude en somme.
Si tu entends ma voix
Le seul titre que Jean-François Porry n’a pas écrit, ce qui est notable en soi. C’est Jean-Paul Césari qui s’y colle. Il offre à Manuela une ballade pop-rock « à la Goldman », parée d’un refrain faisant vaguement penser à son « Pas toi ». Globalement au-dessus du reste de l’album, la chanson demeure d’une platitude et d’un ennui mortel. A noter le clip « animalier », au budget aussi serré que la croupe du cheval de Manuela.
Parce que c’était écrit comme ça
« Oui, je crois qu’il était effectivement écrit que je devais chanter », proclame Manuela à la sortie de son premier single. Tube incontournable, il a permis d’asseoir définitivement la chanteuse au rang de star AB. Le titre de la chanson est ainsi l’occasion de faire un parallèle avec le destin de Manuela. Tout semble alors converger vers cette nouvelle carrière de chanteuse, contrairement à certains de ses collègues qui se sont simplement engouffrés dans la brèche ouverte par le succès des sitcoms AB. « Enregistrer cette chanson a été un vrai bonheur. Dans le studio son, je me suis sentie comme chez moi, dans mon élément, dans un cocon rassurant », assure alors une Manuela euphorique.
Le morceau est un standard des productions musicales AB. Absolument mielleuse, Manuela braille sa voix sur un slow, égayé par des violons salessiens. Un titre qui donne l’envie irrépressible de sortir les briquets et de balancer ses bras de gauche à droite. Les paroles, d’une pauvreté abyssale, s’achèvent par des « na na na » qui résonnent dans la tête. Un clip est tourné, le budget est serré. On se contentera d’observer Manuela minauder sur une plage, Manuela faire du cheval, Manuela manger une glace…etc. Encore une fois, du grand art.
Regarde maman
Dernier titre de l’album, qui bénéficie d’une petite pub dans la sitcom du Miracle de l’Amour, c’est la fameuse chanson sur la maman de Manuela. Elle a le mérite de ne pas être une énième complainte amoureuse.
Elle est surtout de nature autobiographique : « J’ai toujours été bercée par la voix de mère, qui était chanteuse dans un groupe. Adolescente, je voulais devenir chanteuse, et ma mère m’y a tout simplement encouragée. » [6] On le sait, l’enfance de Manuela est trouble, et la jeune fille a fini par quitter la sphère familiale pour tenter sa chance à Paris. Mais Manuela le revendique, elle doit tout à sa mère, Patou. Comme elle finit par le raconter à la presse, c’est à l’adolescence, lors de vacances en Espagne, que Manuela a une révélation : dans un concours, elle chante avec brio « La Isla Bonita » de Madonna. C’est décidé, elle fera chanteuse.
Quand Manuela a l’occasion d’enfin sortir son album, c’est à sa mère qu’elle le dédie. Et plus particulièrement dans la chanson « Regarde Maman » : « Je suis très proche de ma mère et je suis fier d’elle. Elle a arrêté sa carrière de chanteuse très tôt. Pourtant, elle avait une voix superbe. La première fois que je l’ai entendu, j’en ai pleuré. » Mais les sanglots ne s’arrêtent pas là selon Manuela : « Elle aussi a beaucoup pleuré. D’autant que je lui ai fait une surprise. Je lui ai caché la sortie de mon album jusqu’à la première de Bercy. Je lui ai fait écouter juste avant de monter sur scène. » L’histoire, bien ficelée, semble alors parfaitement destinée à faire pleurer dans les chaumières, notamment du côté des mamans des fans adolescentes, qui représentent de loin la plus grosse part de marché du secteur. Loin des « ravages » lacaniens que la relation mère-fille peut parfois entraîner, Manuella semble avoir un rapport fusionnel avec sa maman.
« Aujourd’hui, ma mère vit la sortie de ce disque par procuration », résume de la sorte Manuela. Cette relation mère-fille, exposée dans les médias, est étonnante. Comme le formule la psychanalyste brésilienne Malvine Zalcberg , « le fait que la mère puisse très fréquemment croire tout au long de l’enfance que sa fille, par sa complaisance, éprouve les mêmes pensées, les mêmes désirs, les mêmes émotions qu’elle, contribue à faire croire à la mère qu’elle peut la façonner à son image ou à l’image idéale qu’elle concevait d’elle-même. » [7] Il y a peut-être ici une piste, qui expliquerait l’intensité de cette relation, et ce souhait manifesté et revendiqué par Manuela de réaliser la carrière rêvée de la mère.
« Regarde maman, c’est moi qui chante, c’est moi qui suis dans la lumière, je vis ce rêve qui m’enchante, le même que tu as fait hier. » Cette phrase extraite de la chanson est directement adressée à la mère, Manuela prend en quelque sorte le relais. Elle agit ainsi comme la fille rêvée et idéale, l’enfant reconnaissant envers son géniteur. En outre, Manuela semble ressentir une forme de culpabilité vis-à-vis de sa mère, puisqu’elle est en quelque sorte responsable de l’échec de sa carrière. « Elle aurait pu être une vedette, mais elle a tout laissé pour moi », chante à ce propos Manuela.
Et dans un final grandiloquent, l’artiste achève sa bouleversante chanson par une dédicace, qui a du faire pleurer bon nombre de mères en conflits avec leurs chères filles : « Je veux te le dire aujourd’hui, ces jolies rêves qui m’enchantent, c’est à toi que je les dédie. » Il faudra attendre 2012 pour revoir Manuela et sa mère à la télévision [8], toujours aussi complices. Patou se présente comme l’éternelle fan de sa fille, continuant à collectionner tous les articles ayant trait à la carrière de Manuela. En riant, elle confirme que rien n’a changé ou presque dans leur relation : « Oui c’est vrai, on a toujours pas coupé le cordon. »
Fait rare chez AB, Manuela semble bien offrir à travers cette chanson « familiale » une vraie leçon d’authenticité.
- Chant : 2/5
Une « sous Hélène ». C’est la première chose qui vient à l’esprit quand on écoute chanter Manuela Lopez. Pourtant, on reconnaît à la perfection le timbre si particulier de sa voix, peu arrangée en studio il est vrai. Mais les variations sont faibles, et quand Manuela monte dans les aiguës, on ressent rapidement le besoin de baisser le son.
Musique : 2/5
Le « label AB » est respecté, l’album est sans fioriture. Aucune fantaisie, aucune touche de folie. Des ballades pop-rock, un piano salessien omniprésent, beaucoup d’auto-plagiat, quelques solos et une flopée de lyrisme. Tous les éléments du cocktail d’un opus sucré mais définitivement trop plat.
Paroles : 2/5
La chanson sur la mère exceptée, les paroles sont vides de sens et ont toutes pour unique thème l’amour et ses tracas. Quelques sous-entendus de nature sexuelle relèvent légèrement le niveau, mais on aurait pu espérer mieux au vu de la forte personnalité de Manuela et de son enfance difficile. Mention particulière à « La bataille de l’amour », sommet de médiocrité en termes d’écriture.
Esprit AB : 3/5
Quand on écoute l’album de Manuela, le syndrome pot-pourri d’AB frappe. On a l’impression d’assister à la récupération des chutes de studio de Dorothée et d’Hélène. L’avantage est qu’on se sent en terrain connu, comme à la maison (du bonheur). On aurait aimé avoir néanmoins plus d’occurrences avec son personnage de la sitcom. Une mention concernant Nicolas Bikialo, une référence à l’affaire Penthouse, ou mieux une chanson contre les grosses en hommage à Laly, tant de choses auraient pu être réalisées dans ce sens.
Total : 9/20
1- Manuela en tournée, Star-Club, 1995.
2- C’était écrit comme ça, Télé Club Plus, 20 Avril 1994.
3- Manuela sur les traces de sa mère, Télé Star Magazine, Mars 1995
4- Qui es-tu Manuela ?, Dorothée Magazine, Mai 1994.
5- Manuela, un premier concert à Bercy !, Dorothée Magazine, Janvier 1995.
6- Un Joli Cd dédié à sa mère, Dorothe Magazine, Juin 1995.
7- La Place d’une mère dans le regard d’une fille, entretien avec Malvine Zalcberg
8- Manuela Lopez dans Accès Privé sur M6, 10 mars 2012.