L’amour est-il un mal dont on puisse guérir ?
Sade, Justine ou les malheurs de la vertu.
A la fin des années 80, Camille Raymond n’est déjà pas un enfant comme les autres. Elle débute dans le « métier » dès l’âge de trois ans, apparaissant dans des pubs, puis dans un premier film, « L’été de nos quinze ans ». Elle enchaîne alors trois films jusqu’à ses onze ans ! [1]
Mais c’est son entrée en 1989 dans l’univers AB qui marque à jamais la carrière et la vie de la jeune adolescente. Camille Raymond y interprète durant huit longues années le personnage de Justine Girard. Pendant une quasi-décennie, les téléspectateurs pourront suivre les aventures de l’espiègle nièce de Framboisier, qui va grandir en même temps que son public, jusqu’à devenir une brillante étudiante à l’université.
Justine ou les malheurs de la vertu
C’est dans la fantasque sitcom des Musclés (les musiciens attitrés de Dorothée, et accessoirement comédiens) que Camille Raymond fait son irruption dans la « Maison du bonheur ». Elle a alors à peine 14 ans ! Son personnage débarque directement d’Australie pour vivre en France, chez ses « tontons ». Sa venue provoque un grand chambardement dans la vie des Musclés, cinq célibataires extravertis qui ont pris l’habitude de ramener régulièrement des femmes dans l’appartement qui leur sert de baisodrome.
« L’idée qu’une petite fille soit parachutée au milieu de cinq pervers non pratiquants et joués par les Musclés a dû longuement amuser Jean-Luc Azoulay »
Avec des sous-vêtements féminins à chaque recoin, l’habitation des cinq vicelards n’est en effet pas vraiment le lieu idéal pour accueillir décemment une jeune fille. Pour Fabien Remblier, cette trouvaille est assurément celle de Jean-Luc Azoulay : « L’idée qu’une petite fille soit parachutée au milieu de cinq pervers non pratiquants, joués par les Musclés, a dû longuement amuser Jean-Luc Azoulay. » [2]
En outre, poursuit Fabien, l’appeler Justine en référence au personnage de Sade n’est pas non plus innocent de la part du producteur : « Justine était un personnage qui découvre la vie au contact de ses « tontons », adultes attardés, ne rêvant que de conquêtes multiples et ne se heurtant qu’à des extra-terrestres, des nymphomanes hystériques ou des frigides. Elle naviguait au milieu des allusions salaces et apportait sa fraîcheur d’adolescente à la série, malgré les sous-entendus à peines cachés des textes qu’elle avait à dire. »
Mais Justine impose peu à peu son autorité sur les hommes de la maison. Elle décide de réformer la vie des Musclés. D’abord, elle jette toutes les culottes qui traînent. Puis, elle soumet les Musclés à un rythme de vie nettement plus sérieux. Finies les nuits blanches et les pétasses qui débarquent à toutes heures. Place aux activités plus saines, comme les jeux de sociétés et les diverses tâches du quotidien : cuisine, ménage, footing…etc.
Justine s’affirme aussi en tant que jeune adolescente boutonneuse. Elle vit ses premiers flirts, notamment avec un certain Jérôme. Ce premier grand amour est interprété par le fameux Fabien Remblier, à qui elle donne son premier baiser dans la série comme dans la vie. Toutefois, Camille ne sait pas encore que cette rencontre sera à l’origine d’un spin-off quelques mois plus tard, mais surtout d’une belle et longue amitié.
Car pour l’instant, son personnage évolue aux côtés des Musclés, et participe à leurs folles aventures. Or, si la bande des cinq est dès le début de la sitcom complètement loufoque, les scénaristes vont aller crescendo dans le délire. Ils poussent le vice jusqu’à faire intervenir une extra-terrestre en minijupe, la légendaire Hilguegue.
« Les seins de Justine ont commencé à prendre du volume »
On peut alors assister à des scènes totalement surréalistes, dans lesquelles Justine s’adonne à son tour à la magie de la planète Vega. On peut la voir lancer des sorts, des boules de feu, ou encore se téléporter. Un grand n’importe quoi cathodique, qui normalement aurait pu a priori signifier l’arrêt de la jeune carrière de Camille Raymond. Mais si la série est fondamentalement sans queue ni tête, le personnage de Justine devient très populaire auprès des jeunes téléspectateurs, qui semblent s’identifier à cette gamine qui leur ressemble.
Fabien Remblier résume alors la nouvelle destinée du personnage interprété par Camille : « Après l’avoir dotée de pouvoirs magiques, la faire s’amuser aux dépends de ses tontons et enfin, sortir avec un garçon, Justine devait prendre son envol ou disparaître. Jean-Luc, qui connaissait le succès de Justine, choisit la première option ». Même son de cloche pour Rémy des Musclés, avec une version plus crade de l’histoire : « Les seins de Justine ont commencé à prendre du volume, elle devenait une jeune fille. Entourée de cinq vieux cochons comme nous, ça faisait malsain. Il a fallu la retirer de cette sitcom ! Azoulay a eu l’idée de lancer une autre série avec des ados. » [3] Ainsi, par cette importante décision, le producteur va changer, sans le savoir, l’histoire d’AB Productions.
« C’est la reine du petit écran de TF1 à seulement 14 ans »
Après l’expérience « musclée », Camille Raymond se voit enfin accorder une série centrée sur son personnage. La presse télé de l’époque s’enflamme alors pour celle qui joue Justine, décrite comme la nouvelle star des ados : « C’est la reine du petit écran de TF1 à seulement 14 ans (…) Elle tient avec brio le premier rôle, pas évident surtout lorsque toutes les intrigues reposent sur ses épaules. Mais Camille assume parfaitement cette position et assure à fond ! » [4] Il est vrai que la nouvelle sitcom Premiers Baisers s’articule entièrement autour de Justine :
– Ses parents, qui forment un couple post-soixante huitard, peu autoritaire et compréhensif.
– Sa grande sœur Hélène, jouée par la sympathique Hélène Rollès, une chanteuse en perdition de la maison AB.
– Jérôme, son petit ami, déjà vu dans les Musclés.
– Sa meilleure amie binoclarde, Annette, sorte de faire-valoir au fort potentiel comique.
– François, le rigolo, le pot-de-colle patenté de Jérôme.
– Sa meilleure ennemie, Isabelle, qui tente désespéramment de lui piquer son mec.
– Un autre ami plus âgé, Luc, sorte de grand frère de la bande.
« Justine, alors en possession de pouvoirs magiques, redevint une adolescente tout à fait normale lorsqu’elle revint chez ses parents »
Pourtant, il était possible à l’époque de penser qu’un hiatus dans le scénario aurait pu enlever toute forme de crédibilité au personnage de Camille auprès du public. En effet, Fabien Remblier se souvient très bien de l’invraisemblable « transfert » de Justine de l’équipe de Salut les Musclés à celle de Premiers Baisers : « Justine, alors en possession de pouvoirs magiques, redevint une adolescente tout à fait normale lorsqu’elle revint chez ses parents. Aucune allusion ne fut plus jamais faite à ces pouvoirs. Mais Jean-Luc n’était plus à une aberration scénaristique près ! »
Heureusement, le public se fichait pas mal de ce genre de détail. Il ne faut pas oublier qu’au tout début des 90’s, le format sitcom pour la jeunesse n’existe pas en France, du moins dans aucune production hexagonale. Ainsi, Premiers Baisers fait, dès sa première diffusion, un immense carton d’audience. Toutefois, les débuts de la sitcom s’avèrent poussifs. Justine, au centre de toutes les intrigues, joue très mal, comme l’ensemble de ses collègues apprentis comédiens.
En réalité, Camille est aussi mauvaise que dans la sitcom des Musclés, mais une fois de plus, le public ne lui en tient pas rigueur. Premiers Baisers est un ovni qui fascine, et qui rend immédiatement accro toute une génération. Le personnage de Justine est alors celui d’une ado typique des nineties (cheveux et fringues), une gamine pourrie gâtée, amoureuse de « son » Jérôme, mais trompée constamment. Les dialogues du couple peuvent se résumer grossièrement à ça :
Justine : « – Jérôoome ???
Jérôme : – Bah, Justine… Attends, c’est Isa qui m’a embrassé d’abord euh.
Justine : – Non, c’est fini entre nous Jérôme, ouin-ouin. »
Camille Raymond devient malgré tout une vraie petite star télé. Elle fait la couverture de nombreux journaux, enchaîne les interviews. Toutefois, pour Camille, tourner dans une sitcom reste un jeu, un hobby. Habituée depuis sa tendre enfance aux caméras, la jeune comédienne semble très vite garder les pieds sur terre : « Tourner est pour moi un amusement, une activité extra-scolaire, et non un travail. Quand je me rends sur un plateau, je ne me dis pas que je vais travailler, contrairement aux comédiens de 22-23 ans dont c’est déjà le métier. » [5]
Camille passe son bac, mention AB
Camille est jeune, mais garde la tête sur les épaules. Son entourage n’y est pas étranger. Fille de bonne famille, elle est constamment encouragée à mener ses études en parallèle des tournages. « Camille profitait des rares séquences dans lesquelles elle ne jouait pas pour étudier et récupérer les cours qu’elle manquait », se souvient son ami Fabien Remblier.
« Cette année, je rentre en Première S, cela devient sérieux »
C’est pourquoi, après un an de tournage intensif, Camille décide de donner la priorité aux études et annonce faire une pause dans sa vie de « sitcomédienne ». Ce vrai-faux départ de Justine est alors le premier écueil du tournage de la série. Remplacer la star risque en effet d’être difficile à gérer pour les scénaristes et surtout, suscite rapidement le désarroi du public. Certains acteurs sont alors persuadés que la série va brutalement s’arrêter.
Mais Jean-Luc Azoulay, qui a toujours un coup d’avance, détient la solution. Il suffit d’introduire simplement une sorte d’intérimaire, une nouvelle Justine qui pourrait immédiatement faire ses bagages si jamais Camille revenait plus tôt que prévu. Et quoi de mieux qu’inventer une cousine à Justine pour une telle mission ? C’est ainsi qu’une certaine Déborah Girard (Debbie) remplace sur-le-champ Justine, dont le départ est justifié dans la série par un voyage scolaire d’un an aux États-Unis.
La vie de Premiers Baisers sans Justine suit tranquillement son cours, même si la malheureuse Rebecca s’avère encore plus mauvaise comédienne que Camille. En outre, le départ brutal de Justine est vite compensé par quelques piges de Camille, qui revient régulièrement dans Premiers Baisers : « Je n’arrête pas vraiment puisque je reviendrais tourner pendant les vacances scolaires. J’ai pris cette décision pour plusieurs raisons. D’abord, cette année, je rentre en Première S, cela devient sérieux. Ensuite j’ai voulu ralentir un peu le rythme des tournages. Enfin j’aime bien que les choses changent, je ne peux pas rester longtemps à la même place. Je suis comme ça ! »
Le choix de la jeune working girl est courageux. Car en poursuivant ses études, elle est dans l’obligation d’assister ou d’obtenir les cours. Toute une organisation doit être alors pensée pour lui permettre de réussir. Camille a aussi la chance de s’assurer du soutien inconditionnel de Jean-Luc Azoulay en personne. Et surtout, grâce à une camarade de classe, Camille a la possibilité d’avoir à disposition tout le matériel nécessaire : notes, photocopies…etc. Camille Raymond avoue à l’époque qu’elle n’aurait jamais pu réussir sans l’aide d’une camarade de classe particulièrement dévouée : « Isabella a été formidable de faire ça pour moi, elle a eu du courage ! »
« L’année de son Bac, elle nous quitta deux mois avant les épreuves afin d’avoir le temps de réviser et bien se préparer (…) Mais Camille fut reçue brillamment et fit son retour parmi nous »
Entre-temps, Rebecca Dreyfus est impitoyablement congédiée. Son personnage repart en pleurs dans son Australie natale, puis une nouvelle cousine fait son apparition dans la foulée : Virginie Girard, la nièce de Marie. Camille continue de réapparaître régulièrement dans la sitcom, tout en fragilisant un peu plus, à chaque départ, le couple qu’elle forme avec Jérôme. La délivrance est atteinte quand Camille obtient enfin son bac, comme le rappelle son ami Fabien : « L’année de son Bac, elle nous quitta deux mois avant les épreuves afin d’avoir le temps de réviser et bien se préparer (…) Mais Camille fut reçue brillamment et fit son retour parmi nous. »
Ces absences répétées ont donc d’importantes conséquences pour son couple. Les scénaristes s’adaptent à la situation et font de Jérôme une sorte d’âme en peine, qui ne réussit jamais à honorer ses belles promesses de fidélités. D’abord, c’est avec Debbie qui Jérôme manque de peu de tromper Justine. Mais c’est pour une certaine Géraldine, la nouvelle grande rivale de Justine, que Jérôme craque complètement. Néanmoins, lors du retour définitif de Justine des « States », Jérôme se reprend et quitte lâchement Géraldine. Jérôme semble alors plus que jamais amoureux de sa Justine, et Géraldine définitivement hors-jeu. Du moins, en apparence…
Une véritable guerre des clans
Côté coulisses, l’ambiance des tournages de Premiers Baisers est marquée d’abord par une relative bonne ambiance, ainsi que par la domination d’un « clan » : le triumvirat Fabien Remblier-Camille Raymond-Julie Caignault. Mais la situation évolue avec le succès commercial de Christophe Rippert, puis dégénère salement lors de l’arrivée d’un rocker en provenance du Havre, le trop bien connu Anthony Dupray.
Peu à peu, on assiste à une véritable guerre des clans au sein de l’équipe de Premiers Baisers. Le duo Christophe-Anthony est particulièrement visé par ses détracteurs. Fabien Remblier le décrit comme étant de plus en plus méprisant et malsain vis-à-vis du reste de l’équipe. Dans le chapitre le plus polémique de son autobiographie, « Jérôme » raconte les querelles intestines au sein du tournage de Premiers Baisers : « Camille et moi faisions partie des méprisés, car leur comportement sur le plateau, en plus de casser le rythme que nous avions pris, était plus qu’incorrect vis-à-vis des figurantes et plus généralement de tout ce qui était susceptible de porter une jupe sur le plateau. »
« De vaines tentatives de discussion afin de sauver ce qui avait provoqué ce changement ne firent qu’amplifier la mauvaise ambiance qui régnait désormais sur notre plateau »
Fabien et Camille sont en effet choqués par le comportement des deux « rock stars » d’AB. Ils décident alors de prendre la défense des figurantes. Drôle d’atmosphère sur le plateau de tournage, décidément bien loin de l’image acidulée et bon enfant qu’offre la sitcom à l’écran : « Certaines figurantes osèrent se plaindre. Christophe et Anthony, dont les vannes sans équivoques se faisaient de plus en plus nombreuses (de préférence derrière les décors), alors que pendant une prise ils attendaient leur tour d’entrer en scène, traitaient toutes celles qui leur répondaient par le mépris ou la méfiance (en fait, toutes les figurantes). Ils les traitaient de tout un tas de noms qui peuvent surprendre lorsqu’on a à peine 18 ans et que l’on vient faire de la figuration pour approcher ceux que l’on a aimé derrière un écran, ou même simplement pour gagner un peu d’argent. »
Finalement, c’est l’ensemble de l’équipe technique qui se ligue aux côtés de Camille et Fabien pour faire face aux deux enfants terribles : « De vaines tentatives de discussion afin de sauver ce qui avait provoqué ce changement ne firent qu’amplifier la mauvaise ambiance qui régnait désormais sur notre plateau. De plus en plus, les techniciens se plaignaient de l’attitude de Christophe et d’Anthony, les retards s’accumulaient, et plus personne ne voulait venir travailler avec nous. »
« Jean-Luc n’avait jamais jugé utile d’intervenir, comme à son habitude »
Sous la pression, le producteur Jean-Luc Azoulay est alors obligé d’intervenir. Mais son initiative est loin d’assurer le retour au calme. Au contraire, la situation s’envenime : « Je décidais avec Camille d’en parler à Jean-Luc, afin qu’il tente d’imposer en douceur un peu plus de discipline. Nous n’étions pas les premiers à lui en parler (…), Jean-Luc n’avait jamais jugé utile d’intervenir. Comme à son habitude, il ne tint pas compte de notre demande de pratiquer en douceur et convoqua les deux énergumènes dans la demi-heure. Ils n’en ressortirent qu’une heure plus tard. Deux furies firent leur entrée sur le plateau, se dirigeant immédiatement vers Camille et moi, insultant tout le monde. Quelques techniciens protestèrent, mais Camille, tout comme moi, affronta leur colère. Oui nous avions parlé à Jean-Luc, parce qu’il n’y avait plus d’autre moyen de tenter de rétablir l’ordre et une ambiance de travail saine sur le plateau. Et nous l’assumions. Sous un flot d’insultes, je sortais dans le couloir qui menait aux loges, suivi de Christophe, des assistants qui tentaient de le calmer et de quelques techniciens ravis de voir que l’abcès était crevé. »
Finalement, c’est le statu quo qui l’emporte : « Une réunion fut improvisée en présence de tous les comédiens, des assistants, de la réalisatrice et de la directrice de production. La fin de la journée de tournage fut annulée à la grande joie des techniciens. Cette réunion dura plusieurs heures durant lesquelles chacun exposa ce qu’il pensait de l’attitude Christophe et d’Anthony, se heurtant à un mur à chaque phrase. Les tournages reprirent quelques jours plus tard dans une ambiance étrange, Christophe et Anthony évitant désormais de parler aux autres. »
De cette opposition, vont naître des haines et rancunes tenaces, qui existent encore aujourd’hui entre les différents acteurs de la sitcom. L’ambiance de Premiers Baisers ne sera plus jamais la même.
Camille s’en va chevaucher la moto d’Anthony
Avec le passage de Premiers Baisers aux Années Fac en 1995, le diabolique Jean-Luc Azoulay décide, contre toute attente, de mettre Justine en couple avec Anthony ! C’est le début d’une longue histoire improbable entre les deux personnages… ainsi qu’entre les deux acteurs. Ou du moins, c’est ce que JLA a vainement tenté de faire croire au public. A travers le journal de propagande AB Télé Club Plus, une pseudo « connivence » entre Camille et Anthony est ainsi régulièrement mise en scène.
« J’ai trouvé l’idée sympa et j’ai abandonné mes révisions pour une journée à la campagne »
Quand on ne connaît pas l’envers du décor, on pourrait effectivement croire à cette complicité décrite par Camille : « J’ai déjà rencontré Anthony dans la maison de production, avant qu’il commence les tournages de Premiers Baisers. Nous avons sympathisé tout de suite, il est même venu dîner à la maison. Alors quand on s’est retrouvé sur le plateau, on était ravis de jouer ensemble. Le tournage du clip s’est fait naturellement. On m’a téléphoné pour m’y proposer d’y participer, j’ai trouvé l’idée sympa et j’ai abandonné mes révisions pour une journée à la campagne. » [6]
JLA semble ainsi s’être beaucoup amusé de la situation conflictuelle entre les deux comédiens pour en faire un irréel storytelling. Car en effet, sa marotte est de solliciter « ses » comédiens, afin que le public entretienne le plus possible la confusion entre réalité et fiction. A l’occasion du tournage du clip de la chanson « Prendre la route avec moi », Camille Raymond est priée d’accepter de faire un guest. Elle y joue un petit rôle de figurante, celle de l’auto-stoppeuse qui s’en va « chevaucher la moto » d’Anthony. Tout un programme.
Anthony peut alors déclarer sans rire : « Avec Camille nous parlons beaucoup. D’école, de musique, de voyages, de la vie (…), je me sens bien avec Camille. Elle est simple, très nature. A part nos goûts musicaux (sic), nous avons de nombreux points en commun, à commencer par les fous rires. Même goût des grandes fêtes et des grandes discussions, même amour de la campagne, bien que Camille ait toujours habité Paris. Bref, nous sommes de grands amis (…) mais oui, je pourrais tomber amoureux de Camille. »
Même son de cloche chez Camille, qui s’amuse à laisser planer le doute sur une hypothétique histoire d’amour : « Depuis que j’ai eu mon bac, je me sens plus libre. Je me sens grandir. J’ai envie d’être plus séduisante, plus femme. Ce que j’attends d’un garçon, c’est un échange, quelque chose de spécial. Qu’il soit à la fois indépendant et possessif, ami et amoureux. Moi aussi je pourrais tomber amoureuse d’Anthony. Il est direct, calme (sic) et chante à longueur de journée Elvis, Joe Dassin, Johnny, Bruel, et même Luis Mariano ! En plus il est très charmeur. » Ce portrait est trop flatteur pour être vrai. Car tout le monde sait que dans la « vraie » vie, Camille ne pourrait pas supporter ce prolo, cet arriviste aux mauvaises manières, si peu éduqué et terriblement macho.
Dans la vie comme dans la sitcom, la relation Camille/Anthony est de toute façon aussi invraisemblable que vouée à l’échec. Mettre cette brute d’Anthony dans les pattes de Justine est une idée aussi osée que destructrice. Mais pour JLA, cette union entre le bad boy et la jeune fille sérieuse est l’occasion de chambouler l’ordre trop bien établi régnant dans les Années Fac.
« Chanter a toujours été pour moi un rêve inaccessible et puis un jour, je me suis sentie prête pour tenter l’aventure »
L’année 1995, pour Camille Raymond comme pour Justine, marque le passage à l’université. Possédant plus de temps pour ses activités « AB », la comédienne se lance à son tour dans la chanson. C’est en effet la grande tradition qui veut que, depuis la première maquette de Christophe Rippert et les succès d’Hélène et Sébastien Roch, chaque comédien AB aille pousser la chansonnette. Camille Raymond est alors toute excitée à l’idée d’enregistrer son propre single : « Chanter a toujours été pour moi un rêve inaccessible (…), et puis un jour, je me suis sentie prête pour tenter l’aventure. »
Le résultat est à la hauteur du peu d’investissement fourni, tant par JLA que par Camille elle-même. Le single « Un amour d’été » fait en effet un flop retentissant, passé quasiment inaperçu à l’époque. Un clip est tourné à l’arrache, tandis que Camille minaude son titre dans un unique « live » au Club Dorothée. Le single tombe immédiatement dans l’oubli, dans le cimetière des chansons AB, retrouvé seulement quelques années plus tard grâce à internet. En somme, juste une casserole de plus pour Camille Raymond.
La crise existentielle de Justine
Déjà dans Premiers Baisers, Justine peut être considérée comme l’archétype de la petite peste. Celle qui appelle ses parents par leur prénom est en effet terriblement capricieuse, lunatique et bornée. Jalouse maladive, elle est capable d’offrir crises sur crises à son fiancée. Sûre d’elle, l’orgueilleuse Justine a la grosse tête et n’hésite pas à donner des leçons de morale à tout son entourage, même à ses parents. En outre, si la plupart du temps, c’est bien Jérôme qui est de nature infidèle, Justine a aussi sa part de responsabilité, n’étant pas la dernière à flirter avec d’autres garçons.
Quand Jérôme finit par rompre avec elle pour s’acoquiner avec Géraldine (lors de ses fameuses « révisions »), Justine se retrouve désespérément seule. Le chassé-croisé continue de plus belle puisque Justine parvient une nouvelle fois à reconquérir le cœur de Jérôme. Mais le couple a perdu la flamme et casse, encore… Justine rencontre alors différents garçons, avec plus ou moins de bonheur. En effet, la plupart de ces aventures restent sans grand intérêt : elle va même jusqu’à se farcir Luc durant quelques épisodes ! A la fin de la série, elle retourne une énième fois avec Jérôme.
Au début des Années Fac, le couple phare parait enfin solidement établi. Justine a grandi. Elle est dorénavant une vraie jeune femme. Avec Virginie (mais pas Annette, qui n’a pas eu son Bac), elle s’inscrit en DEUG d’éco. Au même moment, elle quitte la cellule familiale pour s’installer avec son fiancé dans son propre studio. Justine et Jérôme vivent alors leur nouvelle indépendance comme un vrai couple marié.
Une situation trop pépère, car la vie de couple lasse très vite Justine. Elle confie à sa cousine qu’elle « s’ennuie ». Traversant une vraie crise existentielle. Justine décide d’imiter Virginie, qui mène de son côté une vie de femme épanouie sexuellement. Se laissant charmer par Pascal, un pote de Franck (ou Jean-François), elle finit par tromper Jérôme avec ce vilain minet.
« Le comportement de Justine marque alors le début de l’interminable valse des couples opérée tout au long des Années Fac »
L’infidélité de Justine a des conséquences importantes pour la suite de la sitcom. D’abord, ses mensonges provoquent une « rupture » avec Annette, qui ne supporte plus son hypocrisie. Si sa meilleure amie finit par lui pardonner, Justine a montré au grand jour sa vraie nature.
Le comportement de Justine marque alors le début de l’interminable valse des couples opérée tout au long des Années Fac. Car désormais, aucun couple n’est à l’abri de voir son partenaire coucher avec quelqu’un d’autre (jusque-là, les tromperies étaient limitées à de simples échanges de bisous).
Aucune amitié ne peut empêcher une subite trahison. La sitcom est digne des plus grands soaps. Et dans le bordel que sont les Années Fac, Justine y joue un rôle clé.
La fin de l’histoire du couple phare ouvre une rude compétition pour (re)gagner les faveurs de Justine. Pascal le minet étant éliminé, c’est dorénavant une lutte sans merci qui s’opère entre Jérôme et Anthony. Le Havrais remporte dans un premier temps cette bataille de l’amour. Mais la partie n’est pas simple, car les deux amants préfèrent cacher leur relation. « Pour vivre heureux, vivons cachés » pourrait être d’ailleurs la maxime de la série. Justine joue alors avec les nerfs d’Anthony, qui doit mentir à ses amis. Il invente à cette occasion une histoire de « femme mariée » pour justifier ses nombreuses absences nocturnes. Car Jérôme, qui est depuis sa rupture son colocataire, doit évidemment ne pas être au courant de cette « trahison ».
« Tout le monde reste ami, parce que chez AB, celui qui pique la fiancée de l’autre, c’est avant tout un ami et que l’amitié, c’est ce qu’il y a de plus important, même si on doit finir en fauteuil roulant »
Mais l’ex de Justine n’est pas complètement stupide. Il sait que Justine voit quelqu’un d’autre. Dans l’épisode « Les Santiags », Jérôme tombe sur une paire de chaussures (des santiags donc…) dans l’appartement de Justine. Fou de rage, il est déterminé à trouver le propriétaire des santiags et lui casser virilement la gueule. Anthony, qui a été dans l’obligation de jeter les chaussures en bas de l’immeuble de Justine, provoque sans le vouloir un énorme quiproquo. Car Ary récupère innocemment les fameuses santiags et décide fièrement de les porter. Quand Jérôme découvre le pot aux roses, il casse la gueule de son ami, persuadé d’avoir trouvé l’amant de Justine…
Mais cette atmosphère de violence ne s’arrête pas là. Justine, tâtonnante, joue peu à peu avec les sentiments de Jérôme et d’Anthony. En hésitant entre ses deux soupirants, elle provoque un drame sans précédent. Annette est dans un premier temps dévastée face une telle situation. « C’est un choix cornélien », dit-elle alors en larmes, consciente que l’histoire finira mal pour l’un des deux garçons.
Et quand fatalement, une jumelle finit par commettre une bourde, en révélant devant Jérôme que Justine sort avec Anthony, la situation devient tragique. Jérôme, ivre de colère, court à la salle de sport afin de se battre contre Anthony : « Salaud, tu m’as piqué Justine. »
Le prof de karaté refuse dans un premier temps l’affrontement, mais a un « mauvais réflexe » : il assène un « coup mortel » dans la nuque. Jérôme est au tapis, au grand désespoir de Justine. L’intensité est à son paroxysme. La sitcom devient quasiment shakespearienne : on a échappé de peu au crime passionnel.
Heureusement, tout finit bien. Jérôme sort vivant de ce combat « fratricide ». Risquant la paralysie à vie, il est opéré avec succès. Justine, qui a beaucoup pleuré et culpabilisé, peut enfin vivre sa relation au grand jour avec Anthony, avec la bénédiction de Jérôme, décidément peu rancunier. Quelques années plus tard, Fabien reviendra avec ironie sur ce scénario invraisemblable : « Tout le monde reste ami, parce que chez AB, celui qui pique la fiancée de l’autre, c’est avant tout un ami et que l’amitié, c’est ce qu’il y a de plus important, même si on doit finir en fauteuil roulant. »
Les atermoiements de Justine ont donc bien failli coûter la vie à Jérôme. Une leçon de vie qui ne va pourtant pas être retenue, puisque Justine continue à jouer avec les sentiments des garçons. Même si on doit le reconnaître, Justine n’est pas non plus épargnée. Elle est en effet à son tour une femme trompée, comme l’en atteste l’attitude d’Anthony, peu après la mythique baston. Le beauf se laisse alors séduire par une voisine, Clarisse, qui s’avère être une nymphomane. Une question s’impose : Anthony est-il seulement incapable de rester fidèle, ou bien a-t-il considéré Justine comme une vulgaire prise de guerre ? Quoi de mieux en effet pour Anthony (et son ego surdimensionné) que s’afficher avec une bourgeoise intello ?
Si la personnalité d’Anthony est parfois difficile à comprendre, les faits sont têtus : Anthony est un vrai connard, qui ne va pas hésiter une seule seconde à embrasser Clarisse tandis que Justine révise dans la pièce d’à côté. Mais le rocker du Havre ne se contente pas de bisous, et couche sans complexe avec la blonde diabolique sur le canapé-lit du studio des mâles. Néanmoins, son honneur est sauf puisqu’il refuse de faire un sauna avec Justine, ayant baisé Clarisse à peine une heure avant. Il se défend alors devant Luc, consterné par l’attitude de son pote : « Ça va, je suis pas un salaud quand même. »
« J’ai besoin de toi Anthony »
Mais le pire est à venir quand on apprend par la suite que Clarisse est en réalité la petite amie de… Daniel. Comme toujours, les nymphomanes s’avèrent aussi de vraies manipulatrices. Clarisse ne fait pas exception et menace de tout révéler si Anthony la largue. Ce dernier prend les devants et avoue ses péchés à Justine, qui, à la surprise générale, lui pardonne ! Mais si Justine joue les grands seigneurs, c’est qu’elle n’est pas tout à fait claire de son côté. En effet, elle aggrave sérieusement son cas dans la deuxième partie de la série.
Après être finalement retournée avec Jérôme par pure culpabilité (il est alors handicapé depuis que Clarisse s’est jetée sur lui), Justine continue néanmoins d’entretenir sa relation ambiguë avec Anthony. Au fur et à mesure, son mépris et sa méchanceté envers son petit ami handicapé pèsent sur son couple. Jérôme, qui termine sa rééducation, est excédé par son comportement et manifeste un véritable complexe d’infériorité vis-à-vis d’Anthony.
Le pire est atteint lors du « faux départ » d’Anthony, qui menace de quitter Paris pour un concours de boxe en Thaïlande. Justine exécute son grand numéro de comédie et le supplie de rester : « J’ai besoin de toi Anthony. » L’attitude malsaine de Justine se poursuit, tandis qu’au même moment Jérôme se débarrasse enfin ses béquilles. Contre toute attente, ce dernier prend en quelque sorte les devants, et se laisse aller à tromper Justine pour Sandra lors d’un langoureux week-end à Belle-Île-en-Mer. Sandra était pourtant la petite amie de son meilleur pote Daniel…
La garce manipulatrice des Années Fac
La trahison de Jérôme semble être une sorte de bénédiction pour Justine, qui n’attendait que ça pour retourner avec Anthony. Mais les temps sont durs pour l’héroïne des Années Fac. D’abord, Sandra prend une place toujours plus importante et s’impose comme la nouvelle rivale, la première grande peste de la série depuis Isabelle. C’est elle qui est dorénavant au centre de l’attention des mâles de la série.
En outre, Justine ne peut pas se rabattre sur Anthony, qui est tombé entre-temps amoureux d’une nouvelle fille, l’innocente et virginale Blanche. Folle de jalousie, Justine tente par tous les moyens de séduire son ex.
« Franchement, moi je trouve que cette fille c’est une allumeuse (…) Écoute le prend pas mal, mais cette fille, je pense pas que ce soit une fille pour toi ! J’en suis intimement persuadée ! »
Elle déverse son venin contre la jeune femme et tente de retourner le cerveau d’Anthony : « Franchement, moi je trouve que cette fille c’est une allumeuse (…) Écoute le prend pas mal, mais cette fille, je pense pas que ce soit une fille pour toi ! J’en suis intimement persuadée ! » Justine continue son travail de sape en proposant un innocent footing en secret avec Anthony, ce qui finit bien sûr par arriver aux oreilles de Blanche. Elle se délecte de même des problèmes conjugaux du jeune couple (confronté à l’envahissant patron de Blanche). Mais Anthony n’est pas dupe(ray). Il envoie balader Justine quand celle-ci tente de s’immiscer dans les querelles de son couple, et préfère dépuceler Blanche.
Justine se rabat alors sur le pathétique et néo-alcoolique Daniel, en pleine dépression depuis que Sandra l’a quitté. Elle héberge ainsi celui qui est devenu un sans domicile fixe depuis sa séparation. S’instaure un climat ambiguë, où Justine joue son numéro de charme, quitte à jouer avec la fragilité mentale de Daniel. En outre, quand celui-ci souhaite envoyer une lettre à son ex (plus exactement, un poème de Verlaine), Justine qui est dans la même fac, propose de faire directement la commission. Mais, après l’avoir ouverte, elle considère que pour le bien de son « ami » Daniel, Sandra ne doit pas recevoir la lettre, et décide de la garder…
L’attitude perfide de l’héroïne des Années Fac a encore de graves conséquences. Car Daniel tombe amoureux de Justine (il l’avoue à Anthony), tandis qu’elle se rapproche une nouvelle fois de son rocker du Havre. Mais quand Daniel comprend que Justine ne l’aime pas, il est totalement anéanti. Il en vient même à commettre une déchirante tentative de suicide… Encore une fois, le personnage de Justine a tourmenté les âmes masculines de la série. Jérôme, Anthony, Daniel… tous ou presque y sont passés. Car l’égocentrique Justine se moque des sentiments des autres et fait souffrir tous les garçons. Finalement, la vraie garce des Années Fac n’est peut-être pas Sandra, mais bien Justine Girard.
Malgré quelques pseudos remords, Justine continue son petit malsain jeu et ressort avec Anthony, après l’avoir aidé à se sortir du plan machiavélique de la mythomane Sandra (qui avait tenté de faire croire à Anthony qu’elle était enceinte de lui). Justine se lance alors cette fois dans la vie de couple avec Anthony, qui débarque dans son appartement.
« Une ultime pige pour les deux derniers épisodes »
Mais Justine et Anthony n’ont aucun point commun. Elle est vite désespérée devant la beaufitude de son petit ami. Elle, l’intellectuelle qui aime la lecture, lui le beauf qui bricole et mate la téloche. Elle décide de faire une « pause », et part une nouvelle fois pour un court voyage aux États-Unis. Quand elle revient, elle découvre qu’Anthony la trompe avec une nana. Cette fois, elle quitte définitivement Paris (dans la réalité, elle quitte la série pour ses études). Anthony et Justine n’auront plus jamais rien à se dire.
Justine fait tout de même une ultime pige pour les deux derniers épisodes. L’idée de Jean-Luc Azoulay est alors de terminer la série en réunissant le couple mythique : Jérôme & Justine. Lors de ce final, l’éternelle querelle entre Jérôme et Anthony reprend de plus belle, cette fois au sujet de Sandra. Les deux coqs s’affrontent à nouveau au Nelly’s. Mais Justine, sortie de nulle part, intervient. On apprend qu’elle est en fait toujours amoureuse de « son » Jérôme. Les Années Fac s’achèvent alors sur une incroyable proposition en mariage. Jérôme, lui aussi toujours amoureux, fait les choses en grand en demandant la main de sa fille à Roger Girard. Ce dernier accepte. Anthony retourne avec Sandra. Tout est bien qui finit bien dans ce happy end convenu.
Fille de pub
Ce dernier épisode des Années Fac marque la dernière apparition de Justine au sein d’une sitcom AB. Pourtant, l’idée de faire revenir Justine dans l’éphémère suite, les Années Bleues, avait été évoquée. Mais l’arrêt du partenariat entre TF1 et AB met brutalement fin à la « trilogie Premiers Baisers ». Camille décide alors, une bonne fois pour toute, de mettre un terme à sa carrière de comédienne. Camille continue ainsi ses hautes études (Dauphine, Sciences Po…etc), changeant définitivement de vie.
Camille coupe ainsi les ponts avec l’univers AB. Seul Fabien Remblier reste son ami : « Lorsque la série s’est arrêtée, nous sommes restés très proches et nous avons continué de nous voir plusieurs fois par semaine (…), Il y a des rencontres qui changent votre vie, celle-ci en fait partie. » On reverra pour la première fois Camille à la télévision en 2006, lors du désormais mythique « Ça se discute » sur les anciens d’AB. Camille et Fabien sont invités par Jean-Luc Delarue pour relater leur expérience des années sitcoms. On apprend malheureusement peu de choses sur le parcours de Camille. Toutefois, on découvrira plus tard, que les deux anciens complices ne se parlent plus depuis le tournage de cette émission.
« Une vraie réussite professionnelle, assez remarquable pour une ex-AB »
Que s’est-il passé ? Personne ne le sait. Fabien Remblier, invité chez IDF1 en juin 2009 dans l’émission de Jacky, confirme que leurs chemins ont fini par se séparer : « On ne se voit plus depuis des années. » Le mystère reste entier car on pouvait lire dans l’autobiographie de Fabien des propos dithyrambiques sur l’amitié qu’il portait pour Camille : « Témoin important de tous les événements de ma vie, je ne conçois pas qu’un jour notre amitié puisse tomber dans l’oubli, d’autant que nos enfants respectifs s’adorent. ».
Après de brillantes études, Camille est devenue une fille de pub, aujourd’hui au sein de Havas Worldwide, une des plus importantes agence de communication mondiale. Elle vit actuellement aux États-Unis : mariée, riche, quatre enfants… Une vraie réussite professionnelle, assez remarquable pour une ex-AB qui a eu la lucidité de comprendre que, sans réel talent, il aurait été difficile de poursuivre le métier de comédienne.
Très discrète durant des années, Camille a fini par accepter de revenir sur sa période AB dans divers documentaires. Elle a notamment réagi au décès de Framboisier, son « tonton » dans Salut les Musclés. Surtout, Camille a accepté de faire un guest dans la saison 5 des Mystères de l’Amour, pour le mariage d’Hélène et Peter Watson. Malheureusement, Camille apparaît peu à l’écran : elle n’est même pas sur les photos de groupe du mariage. Pire, si Hélène réagit mal au « Annettegate », on ne sait toujours pas ce qu’en pense Justine. Il semblerait
logique qu’avoir sa meilleure amie d’enfance, considérée comme une véritable sœur pendant de longues années, baiser avec son père, devrait perturber un minimum. Par contre, on y apprend quelques éléments de sa vie : Justine a des enfants, et vit toujours au côté de son Jérôme (Fabien Remblier ayant à titre personnel décliné l’invitation, son absence est justifiée par le fait qu’il était malade le jour du mariage). Il n’est pas exclu que Camille revienne un jour dans les « Mystères », pour continuer à faire vivre son mythique personnage. Et surtout, qu’on puisse enfin découvrir la vérité sur la mort de Madame Girard et les réelles motivations d’Annette vis-à-vis de Monsieur Girard.
1- http://www.imdb.com/name/nm0713217/
2- REMBLIER Fabien, Les Années Sitcom, Médiacom, 2006.
3- La vérité sur les séries AB : Sexe, drogue et Dorothée, DOSSIER FHM, Mai 2008.
4- Justine Amoureuse, Télé Club Plus, 1993.
5- Camille Raymond, Télé Club Plus, 1993.
6- L’amour d’été de Justine, Télé Club Plus, 1995.
DiscussionUn commentaire
Wow ! Bel article.
Je n’ai pas accès à AB1 alors je regarde à nouveau les Années Fac au rythme assez lent des publications de Génération Sitcom sur Youtube. L’histoire est folle quand même au niveau « sentimental », c’était bien plus intéressant que la plupart des autres sitcoms. Je connais mieux Premiers Baisers qui est ma sitcom favorite. Salut les Musclés, j’ai du mal avec l’ambiance donc je connais peu, même pour voir ce que donnent les épisodes avec Camille/Justine c’est dur de se motiver à regarder en entier.
Mais selon moi Camille Raymond est (était ?) une excellente actrice pour le style particulier de ces sitcoms AB. Sa chanson était jolie aussi. Bref, elle n’a aucunement à avoir honte de sa carrière chez AB. Il semble d’ailleurs qu’elle l’assume tout a fait.
Concernant les anecdotes sur le comportement du duo Rippert/Dupray, c’est quand même fou. On n’imaginerait plus de telles choses aujourd’hui avec les Meetoo et compagnie. Ils seraient obligés de s’excuser publiquement sur les réseaux tellement ça ferait de bruit. Même une insulte à une fille est considéré comme assez grave, alors des tripotage en plus… C’était vraiment un autre monde ces années 90… Et dire que les mecs avaient une image de doux romantiques dans leurs chansons…
En fait, cette mauvaise ambiance, dont les téléspectateurs ne savaient rien, se ressent à l’écran si on est un peu sensible aux « vibes ».
Personnellement, les derniers épisodes de Premiers Baisers et ensuite les Années Fac, je ne peux pas supporter les scènes avec Rippert et Dupray ensemble, c’est instinctif. Je suis obligé de « zapper » directement sur une autre scène tellement ils sont insupportables d’arrogance et de bêtise, surtout dans l’appart commun avec Daniel, qui lui est d’une fadeur inimaginable. Leurs rôles de potaches et les blagues de mauvais goût dans ces séquences n’aident pas à les rendre sympathiques, alors qu’individuellement ils peuvent se montrer très bons, avec un jeu d’acteur et une présence intéressants. Mais tous ensemble c’est problématique…
Ils étaient en fait sûrement de très bons gars mais le succès avait dû les rendre arrogants pour un temps. À l’époque c’était du jamais vu en France la situation de succès populaire dans laquelle ils étaient. Personne ne savait comment gérer cela. Ça peut rendre un peu bizarre.
Ça rappelle les anecdotes de la série H où apparemment le trio Jamel/Eric/Ramzy foutait tellement le bordel sur les tournages que plusieurs comédiens invités et réalisateurs craquaient nerveusement. Ils étaient insupportables. Mais, comme avec Dupray et Rippert, c’était un mélange de l’énergie de la jeunesse et du sentiment de puissance qu’apporte un succès incroyable à un moment. Certains ont le calme ou la maturité d’esprit pour gérer, d’autres pas.
Il paraît qu’une nouvelle série faisant suite à Premiers Baisers et les Années Fac va se faire avec la plupart des comédiens de l’époque, en tout cas c’est un projet que JLA veut mener à bien. On se demande ce que ça va donner… Tous ces anciens conflits entre acteurs sont-ils bien réglés ? Les egos de chacuns sont-ils suffisamment calmés pour revenir sur des bases saines ? Espérons…