Lors d’un fameux triptyque, les aventures de la bande à Hélène et les Garçons prennent un cours tragi-comique, au sein duquel on passe d’une tentative de viol sur Nathalie par trois types à un règlement de compte s’achevant par des plans sur des culs poilus et des bouts de testicules. Bienvenue dans la face sombre d’AB Productions.
Des étincelles et des débats
L’épisode n°188 « Des étincelles » démarre pourtant d’une manière totalement anodine. L’intrigue est plutôt légère : la bande à fait une soirée la veille et certains semblent avoir quelques difficultés à digérer les pizzas d’Olivier.
En outre, Laly continue d’être plus fofolle que jamais en croyant être enceinte, tandis qu’Adeline commence à se lasser de son petit ami Christophe. Mais un événement va venir bouleverser la vie de la bande, orpheline d’Hélène absente lors de ces épisodes.
Car Nathalie, la biatch de service, débarque soudainement au garage, effondrée et visiblement victime d’une agression. Allongée sur le canapé, Nathalie est choquée mais tente d’expliquer aux garçons ce qu’il s’est passé. Le dialogue mérite d’être retranscrit, tant il est révélateur du traitement du viol dans les sitcoms AB (et de manière générale dans la société) :
Nathalie : – « Ils ont essayé de me… VIOLER.
Sébastien : – Qui, qui c’est ?
Nathalie : – Des types. Ils m’ont amenée en voiture, ils ont foncé dans un parking, et là…
Nicolas : – Allez, c’est rien c’est rien, c’est fini. Mais c’était qui ces types ?
Nathalie : – J’en sais rien, je les connais pas.
José : – Mais qu’est-ce que tu faisais dans cette voiture ?
Nathalie : – Je marchais dans la rue. Ils se sont arrêtés à ma hauteur. Ils ont proposé de m’accompagner. C’est tout !
Sébastien : – Et t’as accepté…
Nathalie : – Oui, j’étais crevée, j’avais mal aux pieds, c’était normal.
José : – Nathalie mais tu es folle ! On monte pas avec des inconnus comme ça !
Nathalie : – Mais c’était pas des inconnus je les connaissais ! Non non je les connaissais pas, mais je les avais déjà croisé… dans un club un soir, ils m’avaient draguée.
José : – Et toi, qu’est-ce que tu avais fait ?
Nathalie : – Ben moi comme d’habitude je m’étais amusée. Enfin surtout avec un. Mais c’est tout hein, ils ont essayé de me violer !
José : – Attends Nathalie, excuse moi de te demander ça, mais tu ne les aurais pas un peu provoqué ?
Nathalie : Mais non, mais non ! J’suis montée dans leur voiture, c’est tout! C’est TOUT ! »
Si les garçons sont outrés par le comportement de ces « lâches », Nathalie essuie malgré tout immédiatement les reproches que l’on fait à ce « type » de fille qui subit une tentative de viol. C’est José qui traduit ce que pense en règle générale la gente masculine, suivant les habituels poncifs du type « elle l’a bien cherché finalement », « elle aurait pas du sortir seule », « est-ce que c’était vraiment un viol »…etc.
Heureusement, Nicolas interrompt l’interrogatoire de José pour que Nathalie puisse simplement se reposer. Nico finit par ramener Nathalie chez ses parents (l’hôpital, n’y pensez même pas), puis la bande se retrouve à l’Alfredo’s pour discuter de ce qu’elle a vu. Le débat se poursuit sur l’éventuelle part de responsabilité de Nathalie dans le drame :
José : – « Bon calmez vous les filles. Il faut savoir exactement ce qu’il s’est passé. Vous connaissez tous Nathalie ?
Adeline : – Oui on connaît tous Nathalie, mais ça n’a rien à voir. On a pas le droit de faire ça à une fille, et à n’importe quelle fille d’ailleurs. »
On notera néanmoins que si le discours d’Adeline l’emporte, le titre de l’épisode laisse supposer que Nathalie n’est pas toute blanche dans l’affaire. En effet, si l’on prend le dictionnaire, une étincelle peut aussi se définir comme la « cause immédiate d’un grand effet à portée imprévisible ».
La cause (ou les causes d’après le pluriel du titre), c’est d’abord l’attitude générale de Nathalie vis-à-vis des garçons (une aguicheuse, une allumeuse, bref une salope), mais aussi sa bêtise d’avoir consenti à suivre ces garçons qu’elle connaissait à peine, qu’elle avait simplement rencontré dans un lieu, de « débauche » qui plus est (c’est-à-dire le Nelly’s, la dernière boite de nuit à la mode, qui est d’ailleurs un décor encore non fréquenté par la bande).
Quoi qu’il en soit, on finit par apprendre par l’intermédiaire de Béné comment Nathalie a pu se sortir des griffes des trois méchants : « Encore heureux que le gardien de parking soit passé par là. » Quant à José, il finit par reconnaître qu’il n’y a « que des lâches pour faire ça. »
Soudée face à l’horreur de ce qui est arrivée à leur « amie », la question pour la bande est donc dorénavant celle de la pure et simple vengeance. Comment faire justice et surtout, comment faire en sorte qu’aucune autre fille ne soit violée à son tour, telle est la problématique. Très vite, la bande en arrive à l’amère constat qu’il va falloir se dépatouiller sans aide extérieure, notamment celle de la police. Bénédicte résume alors l’horrible situation qui se présente à eux : « Pour obtenir quelque chose en justice, il vaut mieux se faire violer, et avec preuves à l’appui. Pff c’est complètement dégoûtant. »
Dangers et théologie
Chose relativement rare, l’arc narratif de « l’affaire des trois violeurs » s’articule autour de trois épisodes. Le n°189 « Dangers » est celui de la préparation du « plan » pour venger Nathalie afin d’éviter de nouvelles violences.
Le conciliabule informel des garçons s’ouvre alors au garage, sans la présence des filles. Nicolas part sur un principe simple, en tout cas selon la logique de la vulgate AB : « D’après Nathalie, il s’agit de trois fils à papa, c’est pas difficile à repérer non ? »
Pour Christophe, le remplaçant du Cri-cri d’amour à la batterie, c’est une donnée importante mais ce n’est pas suffisant : « Une fois qu’on a les retrouvés, qu’est-ce qu’on fait ? »
José prend enfin la parole, donnant une réponse que l’on pourrait qualifier de typiquement « Cri-cri d’amourienne », c’est-à-dire prônant la violence et la loi du Talion : « Comment ça qu’est-ce qu’on fait ? Bah on leur démolit le portrait évidemment, on leur casse deux ou trois dents, une prend un paire de ciseaux, et on leur coupe une certaine partie de leur anatomie. »
Évidemment, on ne pouvait décemment pas prononcer le mot « couilles » dans Hélène et les Garçons, mais l’idée est là. « Œil pour œil, testicule pour testicule », voilà comment José perçoit les choses. Le bassiste Sébastien finit par intervenir, toujours aussi raisonnable et craintif : « C’est ça ouais. Et puis après ils portent plainte contre nous pour coups et blessures et on se retrouve en prison. » Nicolas acquiesce et semble déjà avoir une stratégie, quitte à se fâcher avec José :
Nicolas : – « Il faut s’arranger pour ne pas laisser de traces et surtout éviter qu’ils ne recommencent.
José : – Ben laisse-les moi 5 minutes et ils vont pas recommencer tu vas voir !
Nicolas : – Ça c’est le meilleur moyen de faire une bêtise. »
Finalement, une fille rejoint les keums au garage : Laly. Débarquant en pleurs au garage, terrifiée à l’idée que les garçons puissent se battre, elle exige que cesse l’escalade de la violence et les supplie de trouver une autre solution : « La police elle est là pour punir les gens. Et faire justice soi-même c’est pas bon. »
Mais le paradigme AB veut que toute fille plus ou moins violée ne sera jamais reconnue comme une victime en tant que telle par la justice, comme le rappelle José : « Mais la police ne peut rien faire. Et y a pas eu viol, c’était juste une tentative. Et en plus c’est la parole de ces trois types contre celle de Nathalie. »
Laly en appelle alors à la justice divine (chose extrêmement rare dans les sitcoms) : « Et le bon dieu, c’est là aussi pour punir les gens non ? » Histoire que la scène ne dégénère pas, Nico calme immédiatement les ardeurs de la franco-brésilienne : « Bah oui mais c’est loin là haut. Et parfois le bon dieu il a besoin d’un petit coup de main. »
C’est ainsi qu’avec l’aval de Laly, l’expédition punitive aura bien lieu. Le sang devra couler et la justice enfin faite. Reste à savoir où et comment.
Pendant ce temps-là, Adeline et Béné s’occupent de Nathalie, qui a accepté tant bien que mal de sortir à la cafète. Elle ne comprend pas pourquoi la bande est aussi gentille avec elle, surtout après « tout le mal que je vous ai fait. » Bénédicte – qui joue encore plus mal qu’à l’accoutumée – part alors dans un discours que l’on serait tenté de qualifier de légèrement surréaliste : « Le monde a commencé ce matin d’accord. Avant il n’y avait rien. C’était le chaos, le néant. On repart à zéro d’accord ? »
On ne sait pas ce qu’ont fumé les scénaristes pour l’écriture de cet épisode, mais la weed de la Plaine Saint-Denis était certainement de très bonne qualité. Le propos est en tout cas de montrer à Nathalie que le passé c’est le passé, et qu’il est désormais possible de repartir sur de nouvelles base. Les filles offrent ainsi à Nathalie leur amitié, comme s’il ne s’était rien passé.
Le délire comico-religieux de la scène se poursuit quand Adeline tente de faire de l’humour en partant dans une pseudo envolée lyrique, du jamais vu dans la sitcom :
Adeline : – « La création du monde par Bénédicte et Adeline. Ça va faire un boum chez les théologiens (sic) ça.
Bénédicte : – Tant mieux ça leur apprendra à être un peu plus féministe.
Adeline : – C’est vrai ça. Parce que à part Eve et la Vierge Marie on est pas très représentés ! »
De retour au garage, le « plan » de Nico se précise : « Je crois que Laly n’a pas tout à fait tort, et que la violence n’est pas le meilleur moyen pour résoudre notre problème. »
Tandis que José a au contraire sorti l’inévitable batte de base-ball, Nico préfère ainsi se triturer les neurones pour contrer le trio des bad guys. Et il le sait, le nerf de la guerre est toujours l’argent : « Ce sont des fils à papa, et ils dépendent beaucoup trop de l’argent de poche que leur donnent leurs parents. »
La situation se complique néanmoins quand Nathalie leur révèle un détail qui donne instantanément un coup au moral des garçons : « Ils sont dangereux. Ils ont un revolver dans la boite à gants de leur voiture. »
Heureusement, Nico et ses camarades sont courageux. La stratégie de réaliser une diversion est désormais plus que nécessaire : il faut rameuter les méchants dans le garage, les piéger afin que leurs parents découvrent les agissements de leurs enfants. Tous sont d’accord sur le principe, mais restent sceptiques sur la méthode et l’action à entreprendre : « Comment voulez-vous ramener trois blousons dorés dans un garage désaffecté (sic) ? »
Cette fois, ce sont bien les filles qui débloquent la situation : elles prennent la décision par elle-même de jouer les « appâts ». Et gare aux garçons qui refusent, Laly et ses copines sont têtues et préfèrent prendre ce risque que de laisser Nathalie sans justice.
C’est donc décidé, les filles iront au Nelly’s se laisser draguer par les types, les rameront au garage tandis que les garçons les attendront dans des cartons.
Les odieux « blousons dorés »
Ce plan improbable s’avère une totale réussite lors de l’épisode n°190 « Les odieux ». Tandis que José, Sébastien et Christophe jouent les Solid Snake en se planquant dans des cartons placés avec une très relative discrétion dans le garage, Nicolas surveille les filles au Nelly’s qui flirtent dangereusement avec le trio de fils à papa.
Naïfs ou complètement débiles, c’est selon, les types se laissent charmer par les filles et acceptent la proposition d’aller au garage, dans la perspective d’une orgie qui s’annonce mémorable.
La suite se passe presque de commentaire, et il vaut mieux apprécier directement la scène, mythique :
Voilà, au final, les trois connards, en plus d’être humiliés, sont littéralement coincés. Nico et ses potes ont pris des photos d’eux à poils, n’hésitant pas à réaliser un beau chantage : si les trois bourges refont parler d’eux, ils n’hésiteront pas à sortir ce dossier à leurs parents !
Mieux, on apprend dans la scène finale du petit-déjeuner à la cafète qu’il y a aussi eu une bonne baston, gagnée évidemment par les héros mâles de la sitcom. Justice est faite, l’honneur de Nathalie sauf et il semble que les violeurs ne pourront plus jamais commettre de nouveaux méfaits.
Surtout, cet épisode aura été l’occasion de voir pour la seule et unique fois dans une sitcom AB trois culs entièrement nus. Des fesses de mecs, bien poilues, à l’ancienne. Mais aussi : des belles testicules aisément visibles à l’écran, valsant ci et là, au son des rires enregistrés. Mythique, une scène faisant largement passer Hélène et les Garçons dans une autre dimension.
Discussion3 commentaires
Episode mythique! A noter qu’il n’aurait sans doute pas été possible AVEC Hélène… Je tiens aussi a dire qu’il est porté par les talent de Nathalie, sans lequel plus rien n’aurait de sens.
Toujours intéressant de voir que les méchants quand ils sont piégés par une de leur victime trouvent ca totalement naturel. On en redemande !
Vous devriez faire un article sur Nathalie. C’est de loin le personnage le plus intéressant de la saga.