Benoît Solès, l’interview du meilleur méchant d’AB

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C’est Pierre Palmade qui m’a convaincu de venir tenter ma chance à Paris comme comédien.
Benoît Soles.

Les sitcomologues ont eu la chance de pouvoir s’entretenir avec Benoît Solès, figure emblématique des années sitcoms AB. Le plus méchant des méchants d’AB, sans oublier un grand acteur qui sait autant faire rire que pleurer. Une légende.

Les sitcomologues : Tu es espagnol, originaire du sud. C’est du moins ce qui se dit sur ton personnage de la sitcom l’École des Passions ?

Benoît Soles : Je suis originaire d’Agen, dans le Sud-Ouest de la France et d’origine basque-espagnole. J’avais en effet un accent du sud-ouest à couper au couteau !

Comment ça, il n'existe pas de comédien talentueux et charismatique passé par AB ? En voilà un.
Comment ça, il n’existe pas de comédien talentueux et charismatique passé par AB ? En voilà un.

LS : Tu es donc « monté » à la capitale pour devenir comédien ?

BS : Alors que je me préparais à rentrer en hypokhâgne après le bac, je travaillais dans la compagnie Roger Louret avec qui Pierre Palmade répétait son Olympia. C’est Pierre qui m’a convaincu de venir tenter ma chance à Paris comme comédien.

En fait, j’ai rencontré Aude Messéan, directrice des castings AB dans… un ascenseur alors qu’elle s’installait dans mon immeuble proche de la Bastille. J’avais passé un premier cast pour AB qui n’avait pas abouti mais elle m’a reconnu et parlé d’une nouvelle série qui serait plus dans mes cordes. Quelques jours plus tard, Aude m’a emmené aux studios ou j’ai rencontré Ariane Carletti, chargée de développer cette nouvelle série sur le théâtre, pendant un enregistrement du Club-Do. En me voyant elle a dit : « Ah oui, c’est un Ben » ce qui signifiait que je devais auditionner pour le rôle de Benoît (l’amoureux de Julie).

« JLA m’a immédiatement reconnu comme un méchant possible »

LS : Et avec Jean-Luc Azoulay ?

BS : En voyant mes essais, JLA m’a immédiatement reconnu comme un « méchant » possible et je fus retenu pour le rôle de Christian grâce à l’appui d’Aude, des auteurs et d’Ariane. Jean-Luc aurait hésité jusqu’au dernier moment avec un autre comédien. Ma formation classique lui a toujours fait peur : il préfère la spontanéité des débutants aux jeux très académiques des élèves d’Art Dramatique. Mais mes défauts de jeune acteur de l’époque ont finalement joué pour moi dans ce rôle.

LS : Tu déclares souvent que c’est une sitcom qui te plaisait. Pourquoi ?

BS : J’ai immédiatement eu le feeling avec ce personnage. J’ai décidé dès le départ de jouer en opposition avec le style des sitcoms habituelles. Dès lors, les auteurs Mariem Hamidat et Xavier Florent (fils du célèbre prof) m’ont encouragé dans cette voie. JLA m’a alors laissé faire. Et là je me suis vraiment amusé, même si j’ai dû souvent batailler avec certains réals qui voulaient me « recadrer » plus sitcom, ou certains épisodes où je n’apparaissais que trop peu ou pas. Le personnage s’est imposé peu à peu, et c’est le verdict du courrier des fans, abondant et encourageant pour moi, qui a convaincu JLA de donner plus de place à Christian.

Benoît a bien rigolé en jouant Christian dans l’École des Passions.
Benoît a bien rigolé en jouant Christian dans l’École des Passions.

« La célèbre histoire des micros dans les loges »

LS : Tu es donc « monté » à la capitale pour devenir comédien ?

LS : Tu as donc pris des libertés avec ton texte ?

BS : Oui, j’ai eu la chance de pouvoir développer mon personnage, en parler avec les auteurs et influer sur son évolution, non pas en suggérant des idées aux auteurs mais plutôt en les laissant rêver sur ce que chacun « dégageait ». JLA fonctionne aussi beaucoup comme ça. D’où la célèbre histoire des micros dans les loges que certains pensaient installés pour les espionner et resservir le tout dans les « scénars ». Je peux vous dire qu’il n’y en a jamais eu mais qu’en revanche, JLA nous observait depuis son bureau à travers des « retours-plateaux » et s’inspirait des émotions ou traits de caractères qui nous échappaient entre les prises.

"Elle avait beaucoup de pression..."
« Elle avait beaucoup de pression… »

LS : Comment se passait le tournage de la sitcom ? Sébastien Courivaud, ex bassiste d’Hélène et les Garçons, jouait-il au grand frère avec ces acteurs plus jeunes ? L’héroïne de la sitcom, Virginie Caren, qu’on a interviewé garde un souvenir mitigé des tournages AB. Toi-même sur MySpace (avant que tu le supprimes, pas cool), tu nous avais affirmé « qu’elle avait beaucoup de pression ». C’était si dur le tournage ?

BS : Les tournages étaient très marrants et nous rigolions beaucoup. Seuls Virginie et Seb avaient un peu plus la pression en effet : ils avaient le sentiment de « porter » la série et devaient gérer leur couple en même temps… pas simple. Moi, je m’amusais. Ceci dit, Seb n’a jamais joué le grand frère et ne se la pétait pas du tout. Il se sentait plutôt un peu (paradoxalement vu son rôle) débutant avec tout ce qui touchait au théâtre, contrairement à certains comédiens jouant ses élèves. C’est un garçon très gentil, doux et sensible et profondément sincère dans son jeu.

LS : On sent que tu t’éclates à improviser. Qu’est-ce que ça te fait d’être le seul personnage avec Momo à boire des bières dans toutes les sitcoms AB ?

BS : Il y a eu, c’est vrai, de (modestes) révolutions dans cette série, au-delà de ces histoires de théâtre : le coup de la bière était venu de Xavier Florent je crois, très soutenu par moi : trop content d’échapper au cocktail vert-bleu imbuvable des autres « cafètes » ! Ceci dit on me filait un panaché sans alcool assez infect. Je me rappelle aussi avoir mis un point d’honneur à manger vraiment pendant les scènes de repas. C’était pas facile au dixième croque-monsieur si on refaisait les prises, mais j’étais horripilé par ses scènes de non-vie où personne ne touche son assiette.

"J'ai été très amoureux d'Ingrid".
« J’ai été très amoureux d’Ingrid ».

LS : As-tu vécu des flirts lors d’un tournage d’une sitcom AB ?

BS : Les flirts entre acteurs étaient peu courants mais j’ai eu le mien. Alors que mon personnage se rapprochait de celui d’Agnès, encouragés peut-être par les auteurs ou poussés par l’instinct de JLA, et surtout séduits l’un par l’autre, j’ai été très amoureux d’Ingrid. Je peux vous dire que la scène de baiser dans le bureau de Charvet était un vrai baiser ! On s’est bien sûr revus depuis, ainsi que Seb, et Benoît Sorgues. Virginie est venue me voir au théâtre il y quelques mois et nous avons passé un bon moment à évoquer ces années-là. J’ai tourné un Léa Parker avec Fred Vaysse il y a quelques années. J’ai croisé Samuel Jouy (Samuel Hamelet) récemment. Je n’ai jamais revu certains autres. Je crois qu’ils font un autre métier depuis bien longtemps.

« Plus un Clark Kent qu’une folle »

LS : Passons aux Années Bleues. Il y a 2 ans, je t’avais dit que tu étais monstrueusement génial dans cette série (trop courte). Tu en gardes un bon souvenir ? Christophe Rippert, qu’on a rencontré dans sa boite de production, nous avait dit qu’il y avait eu un bon feeling entre vous ?

BS :  Avec les Années Bleues, je garde un vague souvenir parmi tous les guests que j’ai pu faire après sinon que je m’entendais très bien avec Christophe Rippert : nous nous connaissions depuis longtemps car nous avions passé quelques mois ensemble dans un cours de théâtre, avant qu’il ne devienne célèbre avec sa série. Le tournage fut donc des retrouvailles sympathiques. J’ai aussi appris à connaître Anthony qui est un mec adorable. Ça m’amusait beaucoup de jouer ce personnage de gay un peu lourd. Pour moi, c’était plus un Clark Kent qu’une folle.

Jean-Marc dans les Années Bleues. Encore un perso culte.
Jean-Marc dans les Années Bleues. Encore un perso culte.

LS : Plus tard tu as fait Les Vacances de l’Amour. C’était bien Saint-Martin tous frais payés ? Pourtant, certains disent que c’est surtout une plaque tournante de la drogue ?

BS : LVDLA est aussi un bon souvenir, bien sûr pour les voyages à Saint-Martin, l’ambiance de vacances et les virées à la plage. Ceci dit je ne suis pas fou des Antilles, et de cette île en particulier qui est en effet une plaque tournante du trafic de coke, même si cela n’avait rien à voir avec la série. Je suis resté très ami avec Laure. J’ai aussi beaucoup aimé Patrick Puydebat qui a de belles qualités d’acteur et un naturel assez poussé. J’espère qu’un jour quelqu’un dépassera son image de sitcom pour lui donner un vrai rôle à sa mesure. J’ai eu assez de mal à trouver le ton juste pour mon personnage de David qui, de loin, était moins fort que Christian. Cependant, le public me connaît surtout pour cette série et je reçois toujours beaucoup de messages de fans grâce aux rediffusions.

Benoît s'est bien amusé sur les Vacances de l'Amour, malgré quelques coups de soleil.
Benoît s’est bien amusé sur les Vacances de l’Amour, malgré quelques coups de soleil.

LS : Puis tu as tourné dans la sitcom le Groupe. Tu jouais toujours un méchant. C’est JLA qui  voulait que ça se passe comme ça ?

BS : Les tournages du Groupe sont un moins bon souvenir : je venais tourner le matin car je jouais au théâtre le soir. Je n’aimais pas l’ambiance de ce groupe à part Jérémy qui est intelligent (d’ailleurs il l’a prouvé). De plus, j’avais un peu l’impression de me parodier moi-même dans mes précédents rôles et que celui-là était assez caricatural.

Toujours aussi beau gosse...
Toujours aussi beau gosse…

LS : Enfin on voudrait savoir quels sont tes projets aujourd’hui ?

BS : On peut voir mon actu sur mon site : www.benoit-soles.com ou sur Wikipédia où il y a une page Benoit Solès. Il y beaucoup de téléfilms à venir où je joue : RIS, Alice Nevers, Le Chasseur, Louis XV et je vais aussi tourner un « Profilage » pour TF1. Enfin, je serai dans le prochain film de Téchiné qui se tourne à Venise au printemps. Et retour au théâtre l’année prochaine…

 

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