Une bonne sitcom AB, c’est un cocktail idéal entre une bande de jeunes néo-comédiens triés sur le volet, une poignée de guests expérimentés afin de les encadrer, et une chiée de « seconds couteaux » pour les entourer. Peu connus, ces derniers sont néanmoins essentiels pour offrir le plus de variété possible aux « scénarios » douteux des productions télévisuelles AB. Il n’existe pas de profil type du « second couteau » : il y a des vrais comédiens qui ont besoin de compléter leur RSA, des étudiants qui viennent gratter un premier rôle, des pseudos mannequins en quête de gloire, des pistonnés, des futures stars médiatiques ou encore des gens dont on peut se demander franchement ce qu’ils viennent foutre dans ce merdier.
Dans les années 90, AB Productions a réuni le plus grand fichier de « comédiens » jamais réalisé en France
Dans les années 90, AB Productions a réuni le plus grand fichier de « comédiens » jamais réalisé en France. Parler d’eux, c’est d’abord ainsi hommage à cette immense faune, qui contribue largement au succès des sitcoms, hier comme aujourd’hui. Si la plupart sont par la suite retournés sèchement à l’anonymat après leur fracassant passage dans la « Maison du Bonheur », d’autres ont pu exercer une honnête carrière au sein de l’univers AB, ou tout simplement continuer dans le milieu artistique.
Dès les débuts de la sitcom pionnière Premiers Baisers, des guests sont largement employés pour « pimenter » la sitcom. Certains sont même sélectionnés afin de « tester » leur popularité (voir leur talent dans le meilleur des cas). Ces « élus » peuvent alors espérer le fameux ticket pour une place dans le générique officiel. C’est le cas de certaines têtes connues : Rebecca Dreyfus, Franck Tordjman, Anthony Dupray, Esther Legros…etc. Mais pour la grande majorité d’entre eux, être « second couteau » signifie généralement un court passage, une casserole à jamais culte ou oubliée de tous…
Pour cette étude des « seconds couteaux » de la sitcom Premiers Baisers, nous avons décidé de les diviser en 8 catégories totalement subjectives. Certes, nous ne pouvons néanmoins garantir d’avoir cité tous les éléments de cette cohorte innombrable de figurants-comédiens qui peuplent la série. Enfin, nous avons fait deux choix importants : d’abord, celui de décrire uniquement les « seconds couteaux » crédités au générique. Mais aussi de ne pas évoquer ici de seconds couteaux « stars », c’est-à-dire les futurs comédiens connus, que ce soit au sein d’autres sitcoms AB ou les futures vedettes ayant fait un passage plus ou moins inoubliable…
Première catégorie du second couteau d’AB, le « boyfriend » est une figure majeure. Le critère physique est essentiel ici. Celui-ci doit être un « beau gosse » selon les critères en vogue au début des années 90. Ces « minets » ont pour trait commun d’être les pires acteurs qu’il soit possible d’imaginer. Seule leur « bo-gossitude » compte et aucun n’a pu connaître les joies de tenir longtemps face aux cadors masculins de la série.
Matthieu Brenner, l’interprète « pour son malheur » d’Antoine
Matthieu Brenner représente à son insu l’archétype du « boyfriend », le second couteau par excellence d’AB : il est grand, relativement propre sur lui et surtout, ne sait dramatiquement pas jouer la comédie. Tel un Luke Skywalker n’ayant pas achevé sa formation sur la planète Dagobah, Matthieu est lui aussi lancé sans aucune expérience dans le grand bain de la sitcom. Son unique atout étant son physique, et peut-être une vague expérience de mannequin-photo.
Matthieu débarque subitement à la fin, dans l’épisode n°288 « Le plan jalousie », ce qui lui donne au moins a priori l’avantage de connaître les mécanismes et l’univers de la sitcom. Antoine, son personnage, est introduit auprès des filles par les deux « losers » de service, Blaise et Hervé. Il est censé leur filer un coup de main pour des cours de français, mais séduit immédiatement Virginie. C’est que Antoine possède les attributs essentiels de l’homme idéal de Premiers Baisers : il est d’abord fringué comme tout beau gosse 90’s qui se respecte : un combo pantalon noir ceinturé, t-shirt psychédélique accompagné de l’incontournable jaquette « rippertienne ».
« Très vite, Matthieu se révèle être l’un des pires seconds couteaux de Premiers Baisers »
Surtout, il possède une « moto », l’élément clé pour tout personnage « viril » qui se respecte, l’utilisation d’un tel engin signifiant dans le langage codé d’AB que l’homme en question est censé détenir un gros pénis. Il paraît enfin, dans un premier temps du moins, un tantinet moins débile que la moyenne (il peut en effet aider pour les devoirs).
Pourtant très vite, Matthieu Brenner se révèle être l’un des pires seconds couteaux de Premiers Baisers. Visiblement très stressé par ce rôle ambitieux, il s’avère incapable de débiter correctement ses textes, baissant invariablement les yeux quand un collègue lui donne la réplique, et semble sujet à une problématique conjonctivite dans les moments-clés de ses passages.
Antoine débarque dans un contexte délicat pour Virginie. Celle-ci est sévèrement draguée par Daniel, un nouveau personnage devenu rapidement le meilleur pote de Jérôme à la faculté. Mais Virginie ne semble pas vouloir s’engager avec ce beau brun. Quand elle croise le regard d’Antoine, c’est le véritable coup de foudre. Dès l’épisode suivant (« Revu et corrigé »), Antoine et Virginie reviennent d’une « soirée géniale », et paraissent être sur la même longueur d’onde. En outre, Antoine fait rapidement ses « preuves » au sein de la bande. D’abord, il prouve qu’il n’est pas un énième « queutard » en n’oubliant pas d’aider Virginie à faire ses dissertations.
Ensuite, en réapparaissant un épisode plus tard (« Dans la cage »), il montre sa valeur dans une situation hautement délicate. Motard de son état, il donne en effet des renseignements précieux quand le karatéka Ary se fait tabasser par les copains d’un certain Edgar. Faisant preuve d’un étonnant sens de l’initiative, Antoine indique alors que le gang auquel appartiennent les loubards, les « Aiglons de la route », ont des rivaux : « Les Motards au sang chaud » (!) Antoine et ses amis contre-attaquent en organisant une rencontre truquée à la cafète, afin de provoquer une baston tout en n’oubliant pas d’appeler la police. Antoine peut ainsi se flatter d’avoir vengé Ary et d’avoir sauvé Bonheur City de l’anarchie : « Ils commençaient à vraiment polluer le quartier ! »
Après tant de violences (pour du AB !), Antoine devient une sorte de héros. Cet état de fait se confirme quand il parvint à sauver la vie de Daniel dans l’épisode « Double sacrifice ». Ce dernier a effectivement échappé de peu à un terrible accident, manquant de se faire écraser par un camion, sauvé de justesse par l’intervention d’Antoine. Les deux rivaux se mettent alors à parler autour d’un bon verre de jus d’orange de l’objet de tous leurs fantasmes, la belle Virginie. Puis ils se découvrent tout un tas de points communs : leurs vacances à Saint-Malo, Madeleine la cochonne qui les a dépucelé derrière les remparts, l’amour pour Platini et bien sur celui qu’ils portent à Virginie…
« Il a chopé la plus belle nana de la sitcom, et semble faire l’unanimité auprès de la bande »
Cette belle histoire d’amitié provoque une sorte de passation de pouvoir : Daniel accepte « définitivement » de se retirer de la course pour Virginie, laissant le champ entièrement libre à « celui qui lui a sauvé la vie. » Matthieu Brenner peut désormais croire à son destin. Son personnage a chopé la plus belle nana de la sitcom, et semble faire l’unanimité auprès de la bande.
L’épisode qui suit, « Zizanie », va dans ce sens. C’est certainement la prestation la plus nanardesque de Matthieu Brenner, sa « révélation », celle qui le fait rentrer définitivement dans le panthéon des seconds couteaux d’AB. Une nana, qui a décidé de se faire Jérôme, entreprend de semer la pagaille dans la vie du petit ami de Justine. Mais quand Antoine découvre l’identité de la fille (Aline), il explique aux autres qu’il ne la connaît que trop bien : « Oh oui je la connais… Pour mon malheur (…) Cette fille sème la zizanie partout où elle passe. Elle a brisé mon couple en sortant avec mon meilleur ami… » Ce texte, pourtant simple et court, n’en est pas moins terriblement mal débité. Le « jeu » si peu naturel de Matthieu est alors jubilatoire pour ceux qui savent apprécier l’observation des « seconds couteaux » d’AB galérer sur leurs répliques.
Toujours aussi bien « coté », Antoine connaît son apogée scénaristique dans l’épisode « Sac à malice ». Il est le prince charmant qui offre un sac « magnifique » à Virginie, sous les yeux ébahis d’une Annette pourtant au départ « pro-Daniel ». Cette dernière souhaitait effectivement que l’amoureux transi de Virginie connaisse lui aussi le bonheur.
Mais un événement bouleverse la situation : Annette, toujours prête à rendre service quand il s’agit d’amour, aide Daniel à transmettre une lettre déclarant une bonne fois pour toute sa flamme à Virginie. Sauf qu’ayant entre-temps changé de sac, c’est dans celui d’Annette que Daniel dépose secrètement le mot d’amour. La binoclarde ne réfléchit pas et croit alors naïvement que cette déclaration est pour elle : sous les conseils avisés de Monsieur Girard, elle largue illico le pauvre Ary et se tient prête à recevoir le phallus de Daniel. Évidemment, le pot aux roses est découvert, Daniel n’a aucun sentiment pour Annette, qui finit donc célibataire, convaincue par Monsieur Girard qu’elle « n’aimait pas tant que ça Ary. » Tout ça donc à cause de ce foutu sac d’Antoine…
L’épopée de Matthieu était probablement trop belle. Participer à 7 épisodes était déjà un bel exploit. Mais la belle aventure s’achève sans grand relief. Antoine, pourtant si « parfait » en apparence, sa se révéler être un sombre connard. Alors qu’Ary se présente avec deux nanas dans les bras à la cafète, Antoine profite de l’absence de Virginie pour partir avec les deux pétasses. Ary résume bien la situation à ses petits camarades : « Deux filles pour moi tout seul c’était trop beau pour être vrai. Antoine, il a suffit qu’il leur parle et elles ont craqué. Et PAF elles sont parties avec lui ! » Daniel a beau se dire hypocritement triste pour Virginie, c’est bien lui qui a gagné la guerre. Matthieu Brenner retourne aussi sec dans l’obscurité de l’anonymat, tandis que Renaud Roussel gagne un double ticket : Virginie et une place assurée pour la suite de la sitcom, les Années Fac.
« Je ne me rappelle pas de lui, mais on a eu tellement de navets en seconds rôle que c’est difficile de se souvenir de tous »
Une ultime mention d’Antoine est effectuée par Virginie dans l’épisode suivant, « Toi et moi » : « Antoine m’a appelé pour me dire c’était terminé. Voilà. » Clap de fin pour Matthieu Brenner, dont l’arrêt brutal dans son ascension vers la gloire Abesque est finalement à la hauteur de son acting catastrophique.
Il y a quelques années, nous avions retrouvé Matthieu sur les réseaux sociaux. Mais il avait préféré ignorer nos messages, probablement choqué qu’on puisse s’intéresser à lui quinze ans après ce désastre. Difficile en effet de ne pas compatir avec lui sur cette « expérience », qui n’avait certainement pas du être facile à vivre. Nous avons néanmoins montré des extraits vidéos à Fabien Remblier, qui avait eu l’immense chance de croiser la route de Matthieu. Malheureusement, l’interprète de Jérôme n’a gardé aucun souvenir d’Antoine : « Je ne me rappelle pas de lui, mais on a eu tellement de navets en seconds rôle que c’est difficile de se souvenir de tous. »
Bruno Burtin, l’éternelle promesse
Comme dans l’impitoyable univers du football, certains joueurs présentés comme des « pépites » à leur sortie du centre de formation échouent lamentablement quand ils arrivent dans le monde professionnel. C’est plus ou moins le sort qu’a connu Bruno Burtin dans Premiers Baisers, celui qui devient le nouveau petit ami de Virginie après son histoire avec Antoine. Ce dernier n’est en effet pas totalement inconnu par ceux qui suivent très attentivement la sitcom.
Sa vraie entrée dans l’univers de Premiers Baisers est en réalité dès l’épisode n°33, « Vols au vestiaire », dans le rôle de Rémi. Sa première apparition à la cafète est fracassante, séduisant immédiatement Justine et Annette. Il est décrit comme étant un « beau brun ». Pas vraiment du genre timide, il invite les filles à manger des glaces. On apprend qu’il est dans la même classe que Jérôme, et surtout, que c’est un « gosse de riche ». Ses parents étant obligés d’effectuer d’incessants déplacements professionnels, Rémi est ainsi baladé de lycées en lycées, avec pour conséquences de n’avoir que peu d’amis.
Henri, le gosse de riche
Dans l’épisode, c’est l’anniversaire de Jérôme. Justine en profite pour lui acheter un super blouson, « très cher ». Mais dans le même, sont commis plusieurs vols dans les casiers des vestiaires de l’établissement. Justine est alors soupçonnée. Tous ses amis, sa famille, et même Jérôme, doutent de l’honnêteté de Justine. La bande décide d’enquêter et a la superbe idée de prendre une caméra pour filmer discrètement les vestiaires afin de prendre sur le fait le voleur.
Mais coup de théâtre, ni Justine, ni aucun lycéen ne sont coupables. Ce sont en fait des rôdeurs. C’est en réalité Henri lui-même qui a prêté l’argent. Pour se justifier, Henri explique que l’argent pour lui n’est pas un problème : « C’est tout de même pas ma faute si mon père est riche et qu’il me donne tout ce que je veux. Oh oui j’ai de l’argent, mais j’ai pas d’amis. » Moralité, il ne faut pas juger les riches, ils ont pas forcément une vie facile.
La scène de l’épisode est édifiante. Dans le salon des Girard, toute la bande est réunie est déclare son amitié à Rémi. Annette va plus loin en déclarant sa flamme. S’en suit un gros câlin collectif, tandis que Rémi exulte : « Je crois que cette année j’ai trouvé des amis ! » Malheureusement, Bruno Burtin disparaît dès l’épisode suivant, sans aucune explication ! On ne sait si les scénaristes avaient prévu d’intégrer Bruno dans la série. Ou si au dernier moment, certains s’étaient rendus compte qu’il ferait double emploi avec Jérôme, ou bien qu’il était encore plus nul que le Christophe Rippert de l’époque.
Le come-back en skateur au brushing impeccable
Mais Bruno ne lâche pas l’affaire. Il revient 274 épisodes plus tard (!), dans un tout nouveau rôle et avec moins de cheveux. Cette fois, les scénaristes ne sont compliquent plus la tâche : il incarnera un type nommé Bruno (quelle audace !), dont le seul background est qu’il est un « skateur ». On ne sait rien franchement de plus sur lui. Ce qui n’est pas plus mal car le blondinet n’a franchement aucun charisme. Pire, c’est un petit lèche-cul qui après avoir séduit Virginie, cherchera constamment à plaire à Monsieur Girard.
Il croise le chemin de Virginie dans les couloirs du lycée, heurtant violemment la belle toulousaine, étourdi par la folie des « trois clowns » de service que sont Ary et les Jumelles. Dans cet épisode, le bien nommé « Leçon de skate », Virginie a encore le coup de foudre pour un type qu’elle rencontre pour la première fois. Celui-ci la charme par une vulgaire leçon de skate. Le charme érotique du skate opère : Vivi se casse la gueule pendant son apprentissage, ce qui permet de montrer au passage que Bruno montre est toujours aussi « drôle » : « C’est le réverbère qui devait être content. »
« Aucune trame ni aucune intrigue pour son personnage »
L’homme au skate rose et à la voix de raclure de chiottes en profite bien entendu pour lui masser ses chevilles douloureuses, puis connaît la joie de rencontrer Monsieur Girard, son « idole ». A ce moment, on ressent que pour lui, il est plus excitant sexuellement parlant de discuter avec le créateur d’ « Amour Toujours » que de toucher Virginie (Bruno est d’ailleurs très gay-friendly).
Les scénaristes profitent alors de l’aubaine pour glisser une discrète promotion d’une nouvelle sitcom, les Nouvelles Filles d’à Côté (Monsieur Girard précisant toutefois que ce n’est « malheureusement pas lui qui écrit ça »). Surtout, la patte JLA fait encore des siennes quand Bruno déclare avec une fausse candeur qu’il doit « être fantastique d’écrire pour tous ces acteurs… » Monsieur Girard baisse alors la tête, et répond d’un ton sarcastique : « Oui bah ça dépend desquels. »
Le message de JLA étant discrètement passé à qui veut l’entendre, Bruno peut alors tranquillement poser son cul sur les banquettes de la cafète, et profiter de ce moment tant attendu depuis des centaines d’épisodes : tourner enfin au sein de la « team Premiers Baisers ». Néanmoins, aucune trame, aucune intrigue ne tournent autour de son personnage. Sa pathétique histoire d’amour avec Virginie se déroule autour de quelques pauvres gags visuels à base de skate.
Pire, c’est avec son correspondant écossais que Bruno voit l’émergence d’un nouveau concurrent de type « second couteau ». Ce dernier prend peu à peu la petite place réservée à Bruno, désormais cantonné à offrir des mimiques dont lui seul a le secret et quelques textes tristement bancales.
La chute tant espérée de Bruno arrive avec la fin de la sitcom, au moment où les filles passent le fameux Bac. L’épisode n°317, « Le Jour du bac », sonne ainsi le glas des derniers espoirs de Bruno. Il fait une « heureuse rencontre » quand il croise le regard d’une soi-disant amie d’enfance. Il part alors avec elle, dans l’optique de « réviser ». Mais depuis les histoires de Jérôme et Géraldine, on ne sait que trop bien ce que signifie « réviser » dans Premiers Baisers. Bruno ne viendra jamais à la fête organisée pour les résultats. Virginie fait mine d’être triste d’avoir perdu l’homme qu’elle « aime », mais part très rapidement embrasser Daniel dans la chambre des garçons. Premiers Baisers peut enfin s’achever, et les Années Fac commencer. Et sans Bruno.
« D’autres rôles pour Bruno… toujours aussi nazes »
Bruno Burtin commence alors une véritable traversée du désert. Comédien nul à chier dans Premiers Baisers, il se ridicule par la suite dans la Philo selon Philippe dans le rôle d’un rappeur. Son dernier passage dans une sitcom AB relève un peu le niveau : il joue un auditeur de Radio Fac, l’antenne fondée par Annette, qui découvre ainsi qu’il faut bien trouver de quoi s’occuper quand on a pas le Bac. Mais Annette se laisse surtout charmer par ce mystérieux auditeur qui profite de sa naïveté pour lui soutirer de l’argent. Heureusement, Luc et Anthony se rendent compte de la situation et lui donnent une bonne correction.
Il faut attendre le passage à l’an 2000 pour le « revoir » à nouveau au sein de l’écurie AB, dans la bidesque série du GREC. Il y tient le rôle de Yann Rimbaud, et apparaît dans la bagatelle de 9 épisodes ! Après cet énième échec, ce sera la fin définitive de la carrière d’apprenti comédien pour Bruno. Depuis, plus de nouvelles.
Nicolas Berger Vachon et Stéphane Berthier, le duo merdique
Arrivé à l’épisode n°276 « Tous les moyens », force et de constater que la vie sentimentale de Justine et Virginie est au point mort. Justine a déconné gravement en sortant avec Luc, tandis que sa cousine voit Anthony quitter la France pour une hypothétique carrière de chanteur. Annette joue donc une fois de plus les cupidons et se met en quête de nouveaux petits copains pour les filles. Sa nouvelle idée « géniale » est de passer une petite annonce dans une radio étudiante locale (qui n’est pas encore la fameuse Radio Fac).
« Nicolas est visiblement très paniqué à l’idée de tourner dans Premiers Baisers »
Forcément, l’effet est garanti et les coups de fils pleuvent chez les Girard, au grand dam des deux filles. Finalement, quand trois « beaux » garçons se présentent à la cafète, Justine et Virginie changent d’avis et ne trouvent plus le plan d’Annette si foireux que ça… Trois bellâtres débarquent dans le cast de Premiers Baisers, mais seuls deux passent le délicat cap du premier épisode : Guillaume et Patrick, le troisième larron étant éliminé sans pitié (et même pas crédité au générique, la prod ayant sans doute déjà scellé son sort).
Guillaume est interprété par Nicolas Berger Vachon, un pâle brun aux cheveux mi-longs qui semble avoir à peine passé la majorité. A l’instar d’un Matthieu Brenner, Nicolas est visiblement très paniqué à l’idée de tourner dans Premiers Baisers. Son état de stress est palpable à l’écran, entre sa difficulté à réciter son texte et la profusion de tics nerveux qu’il ne peut cacher (le clignement intensif des yeux est un bon indicateur du stress d’un second couteau). Son personnage est celui d’un étudiant, probablement en Deug de lettres (histoire de serrer un maximum), mais on peut émettre l’hypothèse que sa vie sexuelle estudiantine doit être vraiment misérable pour s’abaisser à répondre à une petite annonce de lycéennes en chaleur.
Il est accompagné de Stéphane Bertier, brun aussi mais plus grand, plus costaud, grosse voix. Une sorte de David Proux version rugbyman. Si Nicolas Berger Vachon a autant de charisme qu’un Nicolas Dupont-Aignan, que dire de alors de Stéphane Bertier alias Patrick ? Les scénaristes ont du le penser aussi puisque le jeune néo-comédien ne reste que durant trois épisodes, alors que son complice en tourne deux de plus. Il faut dire que passé les premières incontournables scènes de bisous, Patrick ne semble pas vraiment émouvoir la belle Virginie.
Le foursome foireux avec les deux cousines Girard
En outre, l’histoire de ce foursome démarre très mal. En effet, dès le premier rendez-vous, le duo pose un lapin à la cafète aux deux pétasses. Les cousines infernales ont même la mauvaise idée de se venger en manipulant les deux losers Blaise et Hervé pour manifester leur mécontentement en faisant mine de s’intéresser à eux. Pourtant, Guillaume et Jérémy ont une bonne excuse : ils ont eu un accident de voiture. Heureusement, Jean-François (leur pote), raconte l’histoire et confirme la véracité des faits. Les filles pardonnent, les garçons offrent des fleurs. Tout semble aller pour le mieux. Mais par la suite, tous les éléments vont se révéler en défaveur des garçons.
D’abord, c’est Isabelle qui sème la zizanie dans l’épisode « Traquenard ». Quand Ary surprend Guillaume en train d’embrasser la peste, c’est la consternation. Il raconte la scène à Annette qui reste toutefois incrédule. Car ces baisers cachent forcément quelque chose de louche quand on connaît Isabelle.
« Isabelle l’experte en maltraitance des seconds couteaux »
La garce reproduit en effet son plan machiavélique qui consiste à exercer un chantage sexuel sur sa victime (ce sera d’ailleurs son dernier « plan », puisqu’elle quitte la sitcom pour la mal nommée C Cool). Guillaume en fait donc les frais et se voit dans l’obligation de l’embrasser, car en cas de refus, elle révélerait qu’il a volé « une mob ». Justine apprend finalement de la bouche même d’Isabelle que Guillaume est « fou d’elle », et part furieuse de la cafète après les avoir vu s’embrasser. Heureusement, Ary avait auparavant écouté la machination d’Isabelle. Avec Annette, ils expliquent ce qu’il s’est réellement passé à Justine. Encore une fois, Isabelle a perdu car Justine pardonne instantanément à Guillaume !
Dans l’épisode suivant, « Copains de régiment », toute la petite bande entreprend de partir en moto à la mer (sauf les losers Ary et Annette qui choisissent le train). Guillaume et Jérémy sont bien évidemment de la partie, sauf qu’ils ne viendront jamais prendre Justine et Virginie. Sans nouvelles de leur part (l’époque bénie où le téléphone portable n’existait pas, du moins dans les sitcoms), les filles, une fois de plus furieuses, décident de partir quand même, avec Jérôme et compagnie.
Guillaume promu, Patrick relégué
Comment Guillaume et Jérémy ont-ils pu faire un coup pareil ? A cause d’Isabelle encore ! Celle-ci a envoyé un message à Guillaume disant que la sortie était annulée ! Le cerveau de Guillaume marchant au diesel, ce dernier finit par se rendre compte de la supercherie. Dans un numéro de comédie époustouflant, il se venge sur Isabelle. Il est à noter que seul Guillaume est présent à la cafète. Si le nom de Patrick est cité, c’est déjà la fin pour le personnage et son interprète.
Si Patrick est donc définitivement out dans l’histoire, ce n’est pas le cas de Guillaume, qui conserve encore toutes ses chances avec Justine. L’ex de Jérôme ne s’est en effet toujours pas remise psychologiquement de la fin de sa grande histoire d’amour. Guillaume peut alors croire en ses chances, d’autant plus que le reste des garçons est soit amoureux de Virginie, soit une bande de losers bien trop « moches » pour une fille du niveau de Justine.
Pourtant, un autre personnage, complètement inattendu cette fois, ruine son plan de drague : la grand-mère de Justine ! Incarnée par l’hystérique Régine Blaess, « Mamie Girard » a la fâcheuse tendance de se mêler des affaires de tout le monde, et avant tout de celles de sa petite-fille. Et il est clair que dans son esprit, le seul garçon valable pour Justine reste ce bon vieux Jérôme, et pas Guillaume qu’elle méprise ouvertement.
« Guillaume, bien trop « tarte » pour Justine selon Mamie Girard »
Une scène mémorable vient alors clôturer l’aventure de Nicolas Berger Vachon au sein de Premiers Baisers. Tandis que Justine, Virginie et leur dingue de grand-mère sont à la cafète, Guillaume les rejoint. Tout de suite, Virginie lui demande où est Patrick. « Il a pas pu venir, il avait un devoir de français à terminer », répond timidement Guillaume. Ceci a pour effet de susciter la consternation de la grand-mère : « Un devoir de français à terminer ?! Au lieu de venir ici et de venir bavarder avec cette ravissante créature ? »
Néanmoins, Guillaume est quant à lui bien présent, et a manifestement Justine dans le viseur. Jérôme est avec Géraldine, Luc est grillé, bref tous les voyants sont au vert pour enfin conclure. Mais cette satanée grand-mère prend autoritairement les commandes des opérations. C’est elle qui dit où Guillaume doit s’asseoir. Surtout, c’est elle qui engage la conversation, devant les deux cousines gênées mais hilares.
Dans cette ultime scène pour le jeune comédien, on ne peut pas dire qu’il ne soit pas bon. Jouer un jeune garçon intimidé par une grand-mère n’est pas compliqué pour lui puisqu’il EST stressé avant même que les caméras ne tournent. Mamie Girard s’amuse alors à bousiller le peu de dignité qu’il restait encore à Guillaume :
Mamie : » – Vous avez perdu votre langue ?
Guillaume : – Euh euh, non non euh euh non …
Mamie : – Je pensais qu’en face de deux si belles créatures, vous auriez des milliers de choses à dire…
Guillaume : – Euh ouais, c’est vrai. Euh…
Mamie : – Oui, ah bon, enfin d’accord… »
L’effet est désastreux pour Guillaume. Selon Mamie Girard, il ne tient pas définitivement pas la comparaison avec Jérôme, car il est bien trop « tarte » pour sa petite fille. Justine nie sur le coup, mais elle sait que sa grand-mère a raison. A la fin de l’épisode, elle finit dans les bras de Jérôme, oubliant pour toujours ce brave Guillaume, qui disparaît dans la foulée de la série.
Le roi du gaspacho
Pour le comédien, ce sera un coup dur. Il lui faudra attendre des années pour se remettre de cette expérience chaotique. Il ne refait surface qu’au milieu des années 2000, dans La Vie est à nous, sorte de sous-Dawson français. Mais c’est en 2011 que Nicolas Berger Vachon retrouve les écrans, dans une mythique pub pour du… gaspacho. Sûrement son meilleur rôle, avec une énorme campagne marketing et même un mini-buzz. Il incarne Alejandro, l’homme qui rend le gaspacho sexy. Quant à Patrick, sans surprise, aucune trace de lui nulle part…
Arnaud Riverain, David le beau brun saxophoniste
« Salut je m’appelle David. » Quand le mec d’Isa croise le regard de Virginie lors de l’épisode « Oui d’avance », c’est le coup de foudre immédiat. Il l’invite en boite, mais la belle hésite. Sur les conseils d’Annette (« non mais t’as vu la tête d’Isabelle, t’es obligée de dire oui »), Virginie finit par accepter. Force est de constater que pour le coup, c’est de bonne guerre. Toutefois, Isabelle n’étant pas la reine des salopes d’AB pour rien, elle est bien décidée à ne pas se laisser humilier plus longtemps. Jamais à court d’idées diaboliques, elle crève alors les pneus de deux bikers et accuse David, qui se retrouve dans de beaux draps. Heureusement, à ce moment de la série, Ary est « champion de karaté » (il finira par rapidement « oublier » son art martial) et sauve le beau brun d’une mort certaine.
« On m’a pris pour mon physique »
Interprété par Arnaud Riverain, qui aura un rôle de premier plan dans la Philo selon Philippe, David incarne une sorte de boyfriend idéal, musicien (il joue du saxo), doux et sympa (même avec les chèvres des Jumelles) . Mais Isabelle fera tout pour que le couple soit séparé durant les six autres épisodes dans lesquels Arnaud fait ses premiers pas en tant que comédien. De son propre aveu, il est très mauvais, mais a été casté pour une seule et unique raison : « On m’a pris pour mon physique. »
La seule intrigue qui donne un tant soit peu de relief à son personnage tourne autour du service militaire. Car David est dans une terrible impasse, ne pouvant échapper à son « devoir de citoyen ». Néanmoins, Isa a une proposition : des amis militaires de « père » peuvent passer quelques coups de fils afin de lui éviter de quitter brusquement Virginie. Mais il y a bien sur une « récompense » à lui donner en échange : un simple baiser. David a toutefois sa fierté et refuse par respect pour Virginie : « Je ne peux pas… je ne veux pas. » Folle de rage, Isa promet alors à David le pire : « Je vais t’envoyer au fin fond de l’Allemagne. »
En attendant, Isabelle passe à l’offensive en s’attaquant à la famille de Virginie. Dans ce qui demeure son pire plan machiavélique, sa cible est toute trouvée : ce sera Monsieur Girard. Flanquée de son éternel complice Jean-François, elle piège l’oncle de Virginie avec une fausse tentative de viol (!) au sein même du salon des Girard. Face à une telle ignominie, Annette décide de contre-attaquer.
« La faute de David »
Considérant que c’est quelque part « la faute de David », elle utilise ce dernier pour piéger à son tour Isabelle. David entreprend de faire parler Isabelle en faisant mine d’accepter de sortir avec elle. Toute heureuse, elle lui avoue alors qu’il ne s’est rien passé du tout : « J’ai monté ce coup-là pour me venger de toi et Virginie, j’ai joué la comédie. » David ayant enregistré la conversation, il promet à Isabelle de donner la cassette à Monsieur Girard qui sera « ravi de l’entendre ».
Ce scénario purement abracadabrantesque finit donc bien. David a réussi à sauver l’honneur de Monsieur Girard. On trouve même des excuses à Isabelle, à l’instar de la niaise Justine qui conclut : « Elle doit être bien malheureuse pour être aussi méchante. »
L’épisode suivant, « Rentrée nostalgique », sonne comme une sorte de « nouvelle saison » de Premiers Baisers. Les filles entrent en Terminale, Jérôme part à la fac et Anthony fait son grand retour. David lui est toujours là. On pourrait presque croire qu’il fait désormais partie intégrante de la bande en tant que petit ami officiel de Virginie.
L’homme qui humilia Vivi
Mais on se rend vite compte, dès l’épisode « Formidable », que David n’est plus qu’un simple figurant. Il n’apparaît que quelques secondes, sans aucune réplique à se mettre sous la dent. Il faut dire que son personnage, n’étant plus lycéen, est en réalité assez éloigné du quotidien de la petite bande. Il n’est même pas crédité par la suite, ne revenant que dans un ultime épisode : « La fièvre ». L’épisode marque alors son départ de la sitcom. Son visage est déprimant, sa voix encore plus morne qu’à l’accoutumée. Il demande à Ary de donner une lettre à Virginie, ne préférant « pas la voir ». Il insiste pour que la lettre lui soit donnée « juste avant qu’elle rentre en cours. »
Si Ary ne se doute de rien, la missive est en réalité une « lettre de rupture ». De retour à la cafète, Virginie est effondrée. Aujourd’hui, on peut se dire qu’elle aurait été plaquée par un vulgaire sms, ou pire, par un message facebook. Pire, David n’explique pas la raison de ce choix. On n’aura jamais de version officielle, même si l’attitude d’Isabelle, manifestement au courant de la situation (« les murs ont des oreilles »), peut laisser penser que son père a bien fini par envoyer ce brave David réaliser son service militaire en Allemagne (même si un autre salopard, Julien, a tout d’abord vendu la mèche à Isabelle).
Toutefois, si Isabelle manifeste sa joie, les pleurs de Virginie lui sont relativement indifférents. Car la garce a en effet un nouveau couple à détruire : celui de Justine et Jérôme.
Anthony De Baëck, Charles-Henri le bourge
Au début de Premiers Baisers, Justine se cherche une identité, un style. Avec Isabelle, elle a une relation ambiguë. D’un côté, c’est sa rivale attitrée pour Jérôme, une méchante peste honnie qui n’a qu’une idée en tête : lui piquer son mec. Mais quand Annette repart un temps à Montélimar, Justine se retrouve seule. Désemparée, Justine n’a plus d’autre choix que de chercher de nouveaux amis. Elle tombe bien bas quand elle s’offre à Isabelle, qui dans un premier temps refuse ses « avances ».
« Charles-Henri, c’est le gugusse qui est censé incarner la vieille aristocratie parisienne, celui qui doit montrer aux jeunes téléspectatrices de classe moyenne et populaire ce qu’est la vraie (et sale) mentalité des riches »
Mais à la surprise générale, elle finit par devenir la « nouvelle meilleure amie » de Justine, rebaptisée à l’occasion « Just’ ». L’idée pour Isabelle est simple : se rapprocher de Justine, lui faire découvrir son monde (celui des riches) pour ainsi dans le même temps se rapprocher « son » Jérôme.
Isabelle sort alors avec un type, un étudiant à Dauphine qui organise des « rallyes ». Justine semble alors totalement fascinée par le « boyfriend » d’Isa, un « garçon formidable » selon elle. Interprété par Anthony De Baëck, il répond au doux patronyme de Charles-Henri. C’est un jeune homme de la haute bourgeoisie, qui s’affiche comme tel. Un vrai cliché ambulant. Et tout y passe : l’accent, les fringues, les cheveux, les discours, le mépris de classe (« Roch Voisine a un succès fou chez les filles de classe moyenne », affirme-t-il, sans rire).
Ce Charles-Henri, c’est le gugusse qui est censé incarner la vieille aristocratie parisienne, celui qui doit montrer aux jeunes téléspectatrices de classe moyenne et populaire qui suivent la série ce qu’est la vraie et sale mentalité des riches.
En outre, Charles-Henri a un temps d’avance sur ces misérables prolétaires restés accros au flipper. Lui préfère les nouveaux jeux vidéo et se dit accro à sa nouvelle console (une Game Gear). Jérôme fait bien sur un complexe d’infériorité devant ce type, tandis que Justine montre un tout nouveau visage, ce qui a le don d’énerver Hélène restée fidèle aux valeurs de la classe moyenne : « Justine est devenue une vraie snobinarde. » Monsieur et Madame Girard ne semblent quant à eux pas choqués, bien au contraire, et sont persuadés que Justine finira par se rendre compte d’elle même que les bonnes vieilles boums entre copains sont mieux que les rallyes. Pire, Marie prouve qu’elle aimerait elle aussi faire partie de la haute société.
L’épisode « Le rallye » qui suit est un véritable ovni dans Premiers Baisers. Bourdieu aurait adoré le traitement des classes sociales dans cette sitcom AB ! Le principe de la « distinction » qu’il a eu le mérite de conceptualiser est parfaitement mis à l’épreuve. La petite famille Girard s’est mise sur son trente-et-un pour l’occasion.
La lutte des classes selon AB Prod
De même, Madame Girard transforme le salon de type « classe moyenne » des Girard pour une soirée « de la haute. » Elle se permet aussi d’enlever les livres de Roger, jugés pour l’occasion pas assez culturels (« des simples romans policiers »). Le papa scénariste en prend pour son grand grade quand Madame Pelletière, l’organisatrice du rallye, ne cache pas son mépris pour la télévision. Toutefois, parce que la sitcom doit être avant tout comique, la bourgeoise est en réalité une « fan » d’Amour Toujours. Elle s’avère même être en extase devant le talent de Roger (à la limite de l’orgasme). Les riches doivent être ridiculisés, cela va sans dire.
Lors de la soirée, Justine est tellement obnubilée par son rallye qu’elle en oublie son Jérôme, qu’elle envoie littéralement dans les bras d’Isabelle. Pire, elle va jusqu’à empêcher François et Odile de rejoindre la fête. Jérôme, exaspéré, exhorte Justine à laisser rentrer ses amis, soutenue ouvertement par l’hypocrite Isabelle. Mais Justine est décidément irrécupérable et Jérôme quitte la fête pour aller à la contre-soirée, une boum organisée chez lui par la petite plèbe. Isabelle le suit et réussit son coup : elle l’embrasse, tandis que Justine fait la même chose de son côté avec Charles-Henri. Le « plan » de Justine a parfaitement fonctionné, elle a Charles-Henri pour elle toute seule.
Dans l’épisode « Le parfait amour », Justine confie ainsi à sa sœur qu’elle croit ne plus aimer Jérôme. Dorénavant ce sera ce brave snob de Charles-Henri qu’elle portera dans son cœur. Les couples ont alors switché et Isa reçoit la bénédiction de Justine pour sortir avec Jérôme.
Ce « foursome » surréaliste ne tiendra néanmoins que temps de l’épisode. Jérôme se rend vite compte qu’il aime toujours sa pétasse de Justine, tandis que Charles-Henri semble avant tout préférer sa Game Gear à n’importe quelle fille. La morale de l’histoire est toute simple, et rentre tellement dans ce qu’on peut attendre d’une sitcom AB : Justine s’est bien rendue compte qu’elle était une simple fille de la classe moyenne, et qu’il valait mieux pour tout le monde qu’elle reste dans sa classe. En définitive, chacun à sa place et surtout pas de mélange !
Un délit de belle gueule
Quant à l’excellent Anthony De Baëck, il n’a pas tourné que dans Premiers Baisers. Il est en effet l’archétype du « second couteau » dont le personnage est décliné sur plusieurs séries. Dans le Collège des Cœurs Brisés, il est Albert Laine, un nouvel élève tout aussi snob que Charles-Henri. De même, dans Hélène et les garçons, Anthony rejoue exactement le même rôle. Et une nouvelle fois au sein de Élisa un Roman photo, il incarne le petit ami intello coincé de Marie-Charlotte !
Pour enfoncer le clou, il accepte un dernier guest dans les Vacances de l’Amour, dans son éternel rôle de gosse de riche. De quoi avoir quelques doutes sur la nature véritable d’Anthony : est-ce un véritable rôle de composition ou était-il le seul comédien au style néo-aristo disponible dans les fichiers des seconds couteaux d’AB ? En tout cas, le comédien tourne toujours, si l’on en croit ses nombreuses apparitions dans des films et séries anglo-saxonnes (dans lesquels il semble jouer principalement des silhouettes).
Les boyfriends d’Hélène, « l’avant Nicolas »
Pour beaucoup, Nicolas est le premier grand amour d’Hélène. Pourtant, la sœur de Justine a connu des relations au sein de Premiers Baisers avec quelques garçons. Des histoires chaotiques, se terminant toutes mal. D’abord, c’est Olivier qui marque les esprits. Incarné par le futur comédien de Sous le Soleil (Luis Marques), il est présenté à la famille dans un épisode simplement nommé « Olivier ».
Le charisme d’huître d’Olivier
Profitant d’une permission lors de son service militaire, il fait grande impression aux parents d’Hélène, mais se révèle être un véritable goujat, profitant d’un after chez Jérôme pour emballer Isabelle ! Justine est dégoûtée, mais n’ose pas dire la vérité à Hélène afin de ne pas blesser sa sœur, éperdument amoureuse de son bellâtre. Elle se met alors en quête d’un nouveau fiancé, tandis que François tente sans réussite sa chance auprès d’elle. Heureusement, Hélène finit par confier à Justine qu’elle n’aime plus Olivier, mais qu’elle est tombée amoureuse d’un ami d’une copine. Justine peut exulter et enfin raconter la vérité sur Olivier !
Jacques le petit copain mytho
Si ce garçon dont fait mention Hélène n’apparaîtra finalement jamais, ce n’est pas le cas du nouveau petit ami plus âgé d’Hélène, un certain Jacques, joué par Luc Teyssier D’Orfeuil. Surnommé dans le titre de l’épisode le « Prince charmeur », ce dernier est un réalité un horrible personnage, menteur pathologique et mythomane. En plein bad trip, Justine dira de lui que c’est « comme si elle avait rencontré Bernard Tapie avec le physique de Tom Cruise. »
Encore une fois, l’histoire d’amour d’Hélène tombe à l’eau puisqu’on finit par apprendre que ce Jacques, en plus de flirter dangereusement avec la sexy Madame Girard, a une relation avec Isabelle, tout en étant avec une autre femme ! Sa technique de drague consiste à se jeter soues les roues des mobs des filles, pour ensuite les charmer. Il se présente alors comme un trader richissime, voyageant dans le monde entier. Mais Hélène et Isabelle finissent par se rendre compte de la supercherie, tout comme l’autre femme de Jacques !
Quant au comédien, on se rend compte après une rapide recherche qu’il est toujours très actif. Après avoir monté une société de coaching pour acteurs, il est devenu une référence dans l’art du management, que ce soit dans les entreprises privées ou dans le monde de la politique. On espère qu’il leur apprend un peu mieux à manipuler les gens que ne le faisait son personnage de Premiers Baisers !
Antonin le mal aimé
Dès l’épisode suivant, sans aucune transition (sachant que les épisodes n’étaient pas toujours diffusés dans l’ordre chronologique des tournages), Hélène se retrouve avec un autre petit copain. C’est un certain Antonin, un photographe professionnel travaillant pour des magazines musicaux d’adolescents comme « Salut ». Si ce dernier aspire à mieux culturellement parlant (il dit préférer Gino Vannelli à Roch Voisine), il n’en reste pas moins un gros gaffeur puisqu’il a la très mauvaise idée de se moquer d’Amour Toujours, la série du père d’Hélène. Très drôle, le comédien Philippe Cheytion accumule les bourdes sur le travail de Roger, et se voit dans l’obligation de « subir » des heures d’écriture intensive de Monsieur Girard.
En outre, il accepte la proposition de Justine de réaliser une séance photo pour un grand concours d’un magazine adolescent (son idée est de gagner de l’argent pour Jérôme, en grosse galère financière). Si Justine galère à poser devant l’appareil, ce n’est pas le cas d’Annette, qui finira même pas gagner le premier prix ! Malheureusement, on ne verra plus par la suite Antonin, ni d’ailleurs de nouveaux copains d’Hélène dans Premiers Baisers.
Quant à Philippe Cheytion, il semble poursuivre une honorable carrière de comédien pour séries françaises ou au théâtre. On a même pu le revoir pour un petit guest dans les Mystères de l’Amour, sans bien sur que son personnage n’ait de lien avec Hélène. Sa voix, très reconnaissable, n’a d’ailleurs pas changé depuis l’époque.