A vaincre sans barils, on triomphe sans boire.
Carlos.
« Je vais prendre un jus d’orange, merci. » Qui n’a pas remarqué la fréquence de cette réplique dans les sitcoms AB ? Pourtant la consommation de jus d’orange et des diverses boissons n’a jamais encore été vraiment abordée par les sitcomologues.
Le thème peut paraître futile, mais le choix de telle ou telle boisson n’a rien d’anodin pour Jean-Luc-Azoulay et ses sbires. Nous allons ainsi essayer de dresser une sorte de typologie des boissons récurrentes. Puis nous allons nous attacher à comprendre l’articulation entre les pratiques de consommation et les situations vécues par les personnages qui ingurgitent les précieux liquides.
Ces personnages, qu’ils viennent consommer chez les Girard, chez Alfredo’s, ou dans la nébuleuse de bars qui peuple les sitcoms, n’ont clairement pas les mêmes rapports aux différents types de breuvages.
Le jus d’orange et ses variantes
C’est la boisson clé du système AB [1]. Tout le monde en consomme. A notre connaissance, aucun personnage ne dit ne pas l’aimer. Chez les Girard, on peut en voir tous les matins sur la table de la cuisine, dans une carafe ou directement pressé (Annette).
« Aurore Brunel nous révélera bien plus tard que ces jus d’orange, qui paraissent délicieux à l’écran, provenaient en fait des fameuses « briques » de jus d’orange Leader Price »
Aurore Brunel nous révélera bien plus tard que ces jus d’orange, qui paraissent délicieux à l’écran, provenaient en fait des fameuses « briques » de jus d’orange Leader Price. [2] Les jus d’orange ne sont pas uniquement consommés au petit matin, tranquillement chez soi : chaque sitcom est pourvue d’un bar où les personnages se retrouvent autour d’un bon verre de jus d’orange.
Pour le matin, nous avancerons l’hypothèse que le jus d’orange est une nécessité car les personnages d’AB se lèvent tôt, voire très tôt (comme Annette qui se lève à l’aube pour préparer le petit-déjeuner de Monsieur Girard). La maxime préférée de JLA n’est-elle pas, à cet égard, « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt », répétée ad nauseam dans toutes les sitcoms ? Il est vrai qu’une intrigue de sitcom commence généralement à l’aube. On se retrouve généralement pour boire un verre « avant les cours », puis « après les cours », voire « pendant » comme dans la Philo Selon Philippe.
Le jus d’orange est aussi utilisé pour des situations comiques. Un jus d’orange renversé par Annette, c’est toujours quelques « rires enregistrés » de pris. En sitcomologie, nous appelons ça : un « gag AB ». Il est parfois un peu plus subtil. C’est par exemple le cas de Fabien Remblier, qui fait pouffer les « rires enregistrés » en trinquant avec un sucrier.
« On drague en offrant « un p’tit jus d’orange », avant de concrétiser au troisième rendez-vous avec une glace »
Le jus d’orange est aussi l’occasion d’appuyer des sentiments, des répliques, d’utiliser des métaphores inédites. Ainsi Virginie rêvassant de son Luc renverse son jus d’orange sur sa jupe. L’effet est garanti. On drague de ce fait en offrant « un p’tit jus d’orange », avant de concrétiser au troisième rendez-vous avec une glace.
Toutefois, le jus d’orange peut aussi être source d’une certaine tension. Offrir une tournée est un alors acte essentiel dans les interactions sociales entre les personnages, ce qui doit a priori exploser le budget de l’offreur (mais la problématique pécuniaire est rarement abordée).
« Le jus d’orange est aussi une arme »
En outre, quand un personnage quitte subitement le lieu de consommation, il a la possibilité d’offrir son jus (les personnages ne finissent que très rarement leur verre, ce qui exaspère de nombreux téléspectateurs), ce qui peut impliquer des choix difficiles s’il possède plusieurs prétendants. Enfin, un jus d’orange est aussi une arme. On peut le balancer à la figure, le renverser accidentellement pour gâcher une séance de drague, ou tout simplement demander à son locuteur de fermer sa gueule et se contenter de boire son jus.
« Très rarement, la consommation de jus d’orange est remise en question »
Le jus d’orange est donc central dans les sitcoms AB. On peut parler d’une véritable addiction. Dans les boums « chez Jérôme » et lors des célébrations de fin d’épisodes, c’est toujours autour d’un bon verre de jus d’orange que l’on finit par trinquer. Il suffit de visionner attentivement le générique des Années Fac pour s’en convaincre.
Très rarement, le jus d’orange est légèrement remis en question : une fois par Annette, qui le juge trop chimique. Puis l’argument est repris par les Jumelles, dans leur atroce période hippie. Néanmoins, un consensus s’est peu à peu dégagé chez les sitcomologues quant au cas des Jumelles : on s’en branle de ce qu’elles racontent.
« On est alors en mesure de révéler que la consommation de boissons dans les sitcoms AB possède tous les aspects d’un code secret digne de la DGSE »
En outre, il est possible d’analyser le lien entre jus d’orange et AB par la cryptologie. On est alors en mesure de révéler que la consommation de boissons dans les sitcoms AB possède tous les aspects d’un code secret digne de la DGSE.
Si nous prenons l’exemple des Années Fac, on peut admettre qu’ils ne pouvaient pas débarquer à la cafète en criant sur tous les toits qu’ils avaient envie de copuler avec un tel ou une telle, quand on sait le nombre de mauvaises langues et « ragoteuses » qui traînaient dans les environs. Ils ont donc développé un langage codé dont voici quelques exemples. Quand un garçon des Années Fac veut troncher une camarade de promo, il lui en effet propose un jus d’orange. A partir de là, plusieurs réponses sont possibles :
- (Garçon) : « Salut, je t’offre un jus d’orange ? » = Tu baises ?
(Fille) : « Non, merci » = j’ai vraiment pas envie de toi
(Fille) : « Oui, volontiers » = Je suis open
(Fille) : « Ouais, mais j’avoue que je préfère le jus de pamplemousse » = Je prends pas en dessous de 17 cm
(Fille) : « Ouais, mais j’avoue que je préfère le jus de pastèque » = Je prends pas en dessous de 25 cm
(Fille) : « Ah dommage, en ce moment je suis au jus de groseille » = ça va pas être possible, j’ai mes ragnagnasQuand c’est une fille qui cherche à jouer à la bête à deux dos, elle propose un café. Exemples :
(Fille) : « Salut, je t’offre un café ? » = Tu baises ?
(Garçon) : « Ah non, merci » = T’es vraiment pas bandante
(Garçon) : « Désolé, j’ai pas le temps » = Ma copine est super bonne, je vois pas pourquoi j’irai la tromper avec toi
(Garçon) : « Ah oui volontiers, avec 1 sucre » = OK, on se retrouve entre midi et deux dans ma piaule
(Garçon) : « Ah oui volontiers, avec 2 sucres » = OK, on se retrouve ce soir dans ma piaule
(Garçon) : « Ah oui volontiers, mais sans sucre » = OK, dans 5 minutes, je te prends sauvagement dans les toilettes de la cafèteVoilà, simple non ? A partir de là, toutes les combinaisons sont possibles :
– Salut, je peux t’offrir un jus d’orange ?
– Ah désolé, mais en ce moment je suis plutôt au jus de groseilles. Mais je n’ai rien contre le chocolat chaud.
Le jus d’orange est-il l’équivalent du verre d’eau dans nos sociétés ? Il est indéniable que sa consommation s’est généralisée à l’ensemble des strates de la population made in AB. Une nuance doit être rapportée : parfois on boit du jus de pamplemousse, un jus d’ananas, voire même un jus de groseille. Ces pratiques marginales sont probablement un moyen de se démarquer de cette aliénation foucaldienne que subissent les personnages d’AB, « addicts » à leur insu à ces diaboliques jus d’orange survitaminés. [4]
L’hypothèse d’un possible « lobby du jus d’orange » n’est pas totalement écartée non plus. Pensons à cet égard qu’il existe aussi des mafieux dans le monde d’AB. [5]
Thé ou café ?
« Si j’ai pas de café j’suis pas au TOP moi »
Le café c’est, dans les sitcoms AB, le complément idéal du jus d’orange. Les autoproclamés dingues de café demeurent sans conteste Anthony et Luc. Ils l’aiment noir, sans sucre et bien fort : « Si j’ai pas de café j’suis pas au TOP moi », s’exclame ainsi, et dans un premier degré glaçant, Luc au sein des Années Fac.
Cette addiction au café dégénère parfois. On le voit lorsque Anthony, visiblement en surplus de caféine, décide de faire humecter le « nectar » de son café en posant la cafetière sous le nez de son camarade. Pire, on ne compte plus les scènes dans lesquelles Anthony se rend compte au lever qu’il n’y a plus de filtres, ou que le paquet est vide, ou encore que Daniel n’a pas été en acheter à l’épicerie. Mieux vaut alors ne pas le faire chier.
Le « café et les croissants ». Voilà le petit-déjeuner idéal de Jean-Luc Azoulay. [6] Son avatar, Monsieur Girard, ne dit pas autre chose : « C‘est le moment de la journée que je préfère. » Justine va jusqu’à affirmer que Jérôme est « l’homme idéal », car il sait « faire le café comme je l’aime ». En outre, prendre le café et les croissants en compagnie d’une personne du sexe opposé peut être considéré comme une métaphore de la relation sexuelle, ou plus prosaïquement servir d’alibi.
Ainsi, on ne compte plus le nombre de fois où Justine « amène les croissants dans la chambre de Jérôme ». Une fille qui apporte les croissants à un garçon, c’est pour Anthony, pas si con, un « signe qui ne trompe pas. »
Il existe toutefois deux exceptions à cette « loi du café » : Virginie, qui « préfère le thé », et les 2be3, qui ne boivent, eux, « que du chocolat chaud ». Des gens sains, assurément.
La grenadine et la menthe à l’eau, les alcools de substitution d’AB
Ce sont les véritables alcools de substitution d’AB, du moins dans les sitcoms pour ados (Premiers Baisers…). Au premier abord, cela peut étonner les néophytes, mais il est incontestable que ce sont les équivalents des boissons fortes de ce type de sitcoms. La menthe à l’eau devient ainsi la boisson officieuse des personnages virils. On peut parler d’une vraie « culture de la menthe à l’eau ».
« Pour calmer ses nerfs, on prend alors un double, c’est-à-dire une double de dose de sirop »
Anthony en est le symbole : c’est un homme énervé, qui pour se calmer, ou au contraire pour frapper plus fort, boit des litres de menthe à l’eau. Pour calmer ses nerfs, on prend alors un « double », c’est-à-dire une double de dose de sirop. La grenadine est peut-être la version soft de cette alcoolisation à la sauce AB. Certains diront l’équivalent de la Despe de notre monde. Mais nous n’irons pas jusque-là.
D’autres personnages sont des amateurs de ces alcools. Nous pensons par exemple à Ivan (Igor Butler), le macho-fake de Premiers Baisers, gros buveur de ce type de boisson.
Ces boissons paraissent être comme de véritables potions de force pour les garçons des sitcoms. Le Cri-cri d’amour, avant de passer au stade du Belzébuth, est aussi un amateur de la menthe à l’eau. C’est peut-être une explication rationnelle à son comportement, qui frise parfois le satanisme.
Ainsi ces pratiques proto-alcooliques se multiplient. La polarisation de la vie des couples dans l’espace réduit qu’est la « cafète », où chaque jour les personnages viennent consommer des litres de ces boissons colorées, est un facteur clé. De plus la balkannisation [7] des sitcoms AB n’inverse pas la tendance, bien au contraire. Enfin, la montée de la dramaturgie oblige de nombreux personnages à sombrer. C’est ce que nous allons voir dans une dernière partie.
Les « Cocktails » Alfredo’s et les boissons alcoolisées
Nous n’avons que peu de renseignements sur les fameux cocktails Alfredo’s. Nous les voyons régulièrement servis par les deux monstres de la « famille Adams »[8] en rollers. Les clients de la « cafète », eux, subissent un lent, mais irrémédiable changement. En effet, ils sont passés d’un statut de zombies lénifiants, incapables de faire une figuration correcte [9], à des attitudes quasi insurrectionnelles.
Étrange phénomène, qui se traduit par des gueulantes inoubliables telles que : « Est-ce que qu’on pourrait passer notre COMMANDE MERCI », ou encore : « ÇA FAIT 10 MINUTES QUE J’ATTENDS ET J’AI TOUJOURS PAS ÉTÉ SERVI. » Cette violence se généralise, et atteint son pic lors de l’invasion par des Hell’s Angel de la cafète sous l’ère Carole [10]. Voilà des faits qui ne sont pas assez relevés par les commentateurs attitrés du monde d’AB.
« A l’instar d’une réserve d’Indiens dans l’Ohio, l’alcool, le vrai, s’infiltre partout et contamine nos héros de sitcoms »
Cette violence s’amplifie par le fléau de l’alcool, qui finit par toucher l’ensemble des sitcoms AB. A l’instar d’une réserve d’Indiens dans l’Ohio, l’alcool, le vrai, s’infiltre partout. A croire que JLA a fini par distribuer des bouteilles directement dans les coulisses.
Les premiers touchés sont évidemment les membres d’Hélène & les Garçons. Nathalie, la « méchante », sapée comme une grand-mère, se saoule régulièrement au Nelly’s. La Philo Selon Philippe est également atteinte. Nous avons à ce propos développé une analyse plus spécifique de ces consommations d’alcools qui provoquent une inflation de cuites dans l’univers AB.
Ainsi, nous pouvons voir des figures, telles que Luc et Anthony, abandonner les menthes à l’eau pour s’adonner aux joies de la boisson alcoolisée. Ils abandonnent (enfin) toute forme d’inhibition. Ainsi, avec l’alcool, les deux personnages des Années Fac baisent à outrance, sortent leurs phallus, se bastonnent, et vont jusqu’à flirter avec l’agression sexuelle, sur des filles plus ou moins consentantes qui pullulent au Nelly’s.
Par contre de vrais alcooliques existent chez AB. Ils sont disséminés et présentent une caractéristique commune : ce sont des nazes, pour prendre une terminologie Dupraysiste. Par exemple Ary est clairement un alcoolique. C’est le pauvre type, que l’on voit à maintes reprises ivre, le plus souvent par conséquence d’un abus de coupes de champagne. Mais aussi une fois overdose de jus de tomates (!), parce que Ary est avant tout un cas social.
Daniel lui est encore plus loser. Toujours trahi par ses amis. Il est le roi des cocus (il perd Virginie au profit de Luc, puis Clarisse qui le trompe avec Anthony et Luc, puis Sandra qui le quitte pour… tous les garçons!) et se voit attribuer toute la panoplie du pur perdant selon JLA : des cheveux à la Lorenzo Lamas, des chemises à carreaux de type grunge, la perte de son travail, de son logement, une addiction au poker sortie de nulle part, et bien sur pour parachever le tout, un penchant pour l’alcool et les grosses cuites. Tout ça finissant par une inévitable tentative de suicide. Ratée forcément. [11]
« Son appartement est infesté de bouteilles de gin »
Enfin nous avons le cas Muriel. C’est sans aucun doute le plus extrême toutes sitcoms AB confondues. Daubigné, le prof de philo, est amoureux d’une alcoolique. Pourtant son appartement est infesté de bouteilles de gin. Ses invités sont constamment sous l’effet de la boisson (on pense à Caldéro, le très chaud prof de math) et l’alcoolisme de sa femme est parfaitement entretenu.
Notons ici que si Muriel est le seul vrai cas d’alcoolisme traité par AB, il reste un alcoolisme féminin, donc vicieux et culpabilisant pour son partenaire masculin. Cette série est par ailleurs riche en scènes d’alcoolisme, avec deux figures : Monsieur Gautrat, pourtant proviseur, et Caldéro.
Il existe aussi un rare cas de consommation de bières, dans la série des théâtreux : l’École des Passions. Momo, la racaille et Christian le goth picolent des panachés et quelques demis, à la demande de Benoît Solès.
Mais cette série est suffisamment underground pour se le permettre. Dans Élisa Un Roman Photo, nous notons tout d’abord la présence d’un remarquable « ovni », un certain Lemon, qui, muni d’une bouche bizarre aux longues dents, réclame « un citron pressé. » [12] Une anomalie qui demanderait bien des explications. Mais cette série décadente voit surtout la cuite la plus destroy des sitcoms… celle d’Aline, la plus mémorable de toutes.
Le cas du champagne dans le monde d’AB est à aborder comme dans notre vie à nous, c’est-à-dire qu’il n’est pas considéré comme un vrai alcool. Ainsi Muriel, encore elle, fraîchement sortie de désintox, ne manquera pas à la fin de la série de boire une innocente petite coupe, tout en étant enceinte… Le cas Hélène est différent, puisque l’abus de champagne n’est en réalité que la conséquence de la prise involontaire d’un bon space cake par ce diable de Thomas Fava.
Enfin, il reste le cas des boissons étranges. On a un florilège de bizarreries avec les fameux mélanges de Giant Cocoo du Miel & les Abeilles. La subversive sitcom des Années Bleues a aussi ses boissons cultes, comme le breuvage de Berthe censé remettre le « ptit signal » de Luc en état de marche.
Ces cas extrêmes mis à part, il faut se garder de tout abus et de conclure à une « dallasisation » des sitcoms AB. L’alcool reste cantonné à des pratiques subversives de losers et de marginaux. Le salut est et reste dans le jus d’orange. Il sera un jour intéressant qu’un chercheur en sitcomologie se dévoue pour une comptabilisation de chaque verre consommé, dans chaque épisode, afin de pouvoir utiliser comme l’aurait voulu Durkheim les méthodes quantitatives pour l’étude des sitcoms. [13]
1- En sitcomologie, on nomme le concept de « Système-AB » comme l’ensemble des structures, des représentations et des lieux communs entre les différentes créations de JLA.
2- Du moins pour l’année 1997. Il semblerait que sur la fin des sitcoms, le budget nourriture ait fortement baissé.
3- Pour plus d’informations sur cet épisode : « Un copain attachant »
4- FOUCAULT Michel, Surveiller et punir, Gallimard, Paris, 1975.
5- Pensons au cas du « Wagon », la boite de nuit tenue par la mafia dans Pour Être Libre. Ou encore des agissements maléfiques du patron de la cafète, Monsieur Alfredo.
6- Adel des 2be3 racontait dans son interview donnée au forum de Nanarland que JLA avait pour habitude d’offrir des petits-déjeuners à ses comédiens dans sa grande maison. On les imagine aussi dantesques que ceux visibles dans Premiers Baisers.
7- C’est-à-dire la multiplication des sitcoms AB après le succès de Premiers Baisers, qui forme une véritable mosaïque dans laquelle il est parfois difficile de s’y retrouver.
8- C’est le surnom donné aux Jumelles dans les Années fac. Pour plus de renseignement : Une mauvaise presse
9- Dans le jargon sitcomologique, les figurants sont nommés hiérarchiquement selon leur degré de nullité par les appellations de « second couteau », « troisième couteau », « quatrième couteau ». Pascal Gauchot alias Pat est lui, une figure type du second couteau.
10- Les Jumelles sont remplacées par Carole, une véritable mégère. Sous sa direction la « cafète » devient le rendez-vous des « loubards made in AB » emmenés par un certain Marlon. La « cafète » sera boycottée et Monsieur Alfredo, le directeur, obligé de rappeler les jumelles.
11-Daniel sombre dans l’alcoolisme après sa rupture avec Sandra. Dormant sous les ponts, Justine le sermonne: « Il faut que tu arrêtes de boire Daniel. Tu sais, ça détruit les gens. » Daniel finit par se remettre et tombe amoureux de Justine. Mais cette dernière, après lui avoir laissé croire qu’il avait une chance, se jette dans les bras d’Anthony. C’est le coup de trop pour Daniel qui avale « une boite entière de barbiturique ». Finalement tout se termine bien et Daniel devient mannequin pour des pubs. Mais JLA décide de lui attribuer une nouvelle addiction : le poker. En avance sur son temps, Daniel flambe et finit par perdre tout son argent. Ses amis lui font la leçon : « On sait très bien que tu ne fais que ça Daniel. » Anthony et Luc finissent par « lui donner une bonne leçon », en trichant contre lui aux cartes. En envoyant Daniel chercher du jus d’orange en pleine partie, les deux compères changent les cartes et Luc gagne par un « ken flush majeur ».
12- Lemon / un citron pressé, vous aurez noté cette superbe vanne.
13-DURKHEIM Emile, Les règles de la méthode sociologique, Paris, Flammarion, 1988
DiscussionUn commentaire
Grand amateur moi-même de jus d’orange et autres menthes à l’eau, l’univers AB me parle tout à fait dans ce domaine.
J’aurais aimé que cet univers aille au bout du délire et qu’on n’y boive jamais de boissons alcoolisées. Une sorte de monde à part, en dehors des réalités trop « adultes ». Il n’en a rien été. Dommage.
Avec l’alcool comme avec d’autres domaines, on retrouve dans l’univers AB l’étrange bipolarité de JLA. En toute chose on glorifie aussi son contraire quand l’occasion se présente. La seule valeur stable et valable dans ce monde à part est le divertissement opportuniste. Si ça divertit le public, c’est « moral ». Génie absolu de la gestion télévisuelle de la part d’AB, certes, mais aussi début des dérives qui allaient venir dans les médias. Cette débauche d’images juste pour « divertir » à bon compte le quidam. Cette société du buzz et de la consommation d’images incessante, sans but défini. Le satellite. Les ondes. L’errance. Le règne de l’internet et la télé poubelle. Les chaînes d’infos en continu. Le smartphone. La 5G. L’enfer.
Alors dès l’époque, pour être moderne et au nom de ce grand mélange des genres, on prône un jour les valeurs safe et clean avec menthe à l’eau, bisous, moralité et fidélité, puis finalement un jour c’est alcool, sexualité débridée, tromperies à gogo et perfidie. Quand on n’est pas carrément dans la perversité sexuelle et les beuveries avec les Musclés…
On prône la non violence, on chante l’amour et on sauve la Terre et les animaux inoccents avec Hélène et Minet, puis 5 minutes après c’est la baston avec Ken et Dragon Ball… puis Minet rejoint les Musclés pour chanter l’amour du jambon et du saucisson… Parce que les animaux c’est mignon et il faut les sauver mais ça se mange aussi, surtout le cochon…
Le Club Dorothée, c’était un peu les montagnes russes émotionnelles de la télé. On passait sans cesse d’une ôde aux belles valeurs à des programmes violents, stupides ou immoraux, le tout dans un joyeux bordel où personne n’y voyait la moindre contradiction…
La violence y était aussi présente que les messages d’amour et le romantisme. La vulgarité et les sous entendus malsains aussi présents que la moralité la plus conservatrice. La sincérité aussi présente que le cynisme commercial. La beauté aussi présente que la laideur. L’intelligence aussi présente que la bêtise. Drôle de mélange. Pas étonnant que ça ait fait une génération de névrosés tout ça.